L’ascension fulgurante de l’Etat islamique en Irak et au Levant(EIIL) ne relève en rien du hasard et entre dans le cadre général de ce que l’on appelle le Grand Moyen Orient, mis sur pied dans les laboratoires occidentaux depuis une dizaine d’années déjà.

Un plan qui répond à une stratégie froide et implacable de division du monde arabe, qui a connu sa première accélération avec les événements du fameux printemps arabe auquel l’Algérie en avait échappé miraculeusement en janvier 2011.C’est en Syrie, dernier carré de ce maudit printemps, que l’EIIL allait s’illustrer et bénéficier presque ouvertement de l’appui des Américains sous prétexte de débarrasser le peuple syrien du régime totalitaire de Bashar el Assad.

Bizarrement, le premier à s’offusquer de la montée de cette nouvelle force djihadiste ce sont les émirs d’Al Qaida qui se démarquent de ce mouvement. Manifestement, ils ont compris que le vent a tourné et qu’il se mettait en place un nouveau plan encore plus diabolique que les attentats sporadiques et en bout de souffle des derniers réseaux d’Ayman El Zawahiri qui n’avait plus aucune autorité directe sur ses hommes.

 

Nouvelle et puissante organisation djihadiste

 

Et contrairement à Al Quaida mère, les autres groupes de ce mouvement terroriste affichaient clairement leur soutien à l’EIIL. Et c’en est le cas d’Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) qui a accueilli avec grand enthousiasme la proclamation du califat islamique par Abou Bakr el Baghdadi proclamant son soutien sans réservé aux « héros de l’Emirat islamique ».

L’organisation terroriste de Droukdel, moribonde et en perte de vitesse depuis des années déjà, a vu ici une occasion de remobiliser ses troupes et d’essayer presque directement de proposer ses services à la toute nouvelle et puissante organisation djihadiste de l’EILL. Ce n’est là qu’une nouvelle allégeance de l’AQMI au nouveau Ben Laden, le nouveau calife El Baghdadi.

Car, manifestement, cette nouvelle organisation cadre très bien avec les nouvelles stratégies américaines qui visent à dépecer le monde arabe. L’opération a déjà débuté en Irak. D’ailleurs un haut responsable américain, Michael Hayden, ancien directeur de la NSA et de CIA, ne s’en est pas caché en déclarant dernièrement qu’avec « la conquête par les insurgés de la majeure partie du territoire sunnite, l’Irak a déjà cessé d’exister. La partition est inévitable. »

Irak d’abord, ensuite la Syrie et même la Turquie avec les appels de plus en plus insistants des Kurdes de la région qui se préparent déjà à l’organisation d’un référendum d’indépendance.

 

L’Arabie Saoudite n’en échappera pas

 

Les Américains n’ont pas trop bougé devant l’avancée fulgurante de l’EILL en terres irakienne, puisque le président Obama s’est contenté d’envoyer 800 hommes, entre instructeurs soldats pour sécuriser les représentations US. Autrement dit, les Yankées laissent faire et accompagnent les partitions des pays arabes. L’Arabie Saoudite, premier allié des Etats Unis dans la région, n’en échappera pas. Et ce n’est qu’en fin de course qu’ils s’occuperont de ces nouveaux djihadistes quand ils auront terminé le travail pour lequel, ils ont été choisis. Mais d’ici là, les autres groupes terroristes au Maghreb et au Sahel auront largement eu le temps de se réorganiser et de reprendre leurs forces. Et si au Mashrek c’est l’Irak qui sera le premier pays arabe sacrifié et divisé, au Maghreb le processus est déjà enclenché en Libye. Ce pays ne peut plus échapper à la partition. Ce sera la place forte de l’AQMI et des autres groupes extrémistes. D’où la menace permanente qui pèse sur l’Algérie. Voila pourquoi, il ne faut pas croire que ce qui se passe en Irak aujourd’hui n’aura aucune incidence sur nous.