Confirmée au début de la semaine par le ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, après avoir été annoncé par les médias français, la participation algérienne à ces festivités de la Grande Guerre ne fait pas l’unanimité. Des partis d’oppositions et des organisations proches du pouvoir n’approuvent pas la décision des autorités de répondre favorablement à l’invitation de leurs homologues françaises. L’Algérie sera présente à ce défilé par trois soldats, représentant l’armée de l’air, l’armée de terre et la marine. « L’Algérie participera, dans le même format et dans les mêmes conditions que 80 autres nations dont des citoyens sont tombés sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, à la manifestation prévue à Paris à cet effet », avait affirmé Ramtane Lamamra.

« Le peuple algérien assume toute son histoire et honore ses propres contributions à la liberté à travers le monde », ajoute-t-il. Mais cette présence provoque des remous. Ce sont notamment les partis islamistes qui sont monté au créneau en premier pour dénoncer cette décision. « Cette participation est une violation flagrante de la souveraineté et une atteinte à la mémoire nationale », estime le mouvement Ennahda dans un communiqué rendu public aujourd’hui.

Pour ce parti, cette participation « est considérée comme une dédouanement de la France de ses crimes commis depuis 1830 et un soutien à sa loi glorifiant le colonialisme ». « Les partis au pouvoir et la famille révolutionnaire assumeront la responsabilité pour leur silence intrigant, alors qu’ils prétendent être des nationalistes», ajoute ce parti, dans son communiqué.   

 

27 000 Algériens morts durant la Guerre 14-18

 

Le mouvement de la société pour la paix adopte aussi la même attitude de refus. La formation de Abderrazak Makri estime que « les militaires algériens ne doivent pas défiler avec des soldats de l’ex-puissance coloniale ». « Cette affaire donne l’impression qu’il n’y a pas de possibilité de contrôle sur les décisions prises par les gouvernants en Algérie. Ils font ce qu’ils veulent.

Alors que cette participation, par exemple, est une question qui concerne tous les Algériens car elle est sensible. Elle nécessite une concertation et un débat », soutient ce parti. Alors que les partis au pouvoir, le FLN et le RND, donnent l’impression d’être d’accord en observant le silence sur cette question, ce sont les organisations qui ont exprimé leur opposition.  Curieusement, le Secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Saïd Abadou qui est aussi un cadre du RND, se dit contre cette participation. « Le sujet ne doit même pas être abordé tant que le sujet de la criminalisation du colonialisme n’est pas réglé », lance-t-il. Mais le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, quant à lui, a  préféré botter en touche. « La politique extérieure et de la Défense nationale relèvent des prérogatives du président de la République », explique-t-il.  Pour rappel, les algériens ont été mobilisés de force lors de la première guerre mondiale (1914-1918). Les statistiques évoquent l’engagement de 170 000 algériens dans les rangs de l’armée française. Ils sont tous envoyés au front pour défendre la France contre les allemands. Environ 27 000 personnes n’ont jamais retrouvé les leurs. Ils sont morts sur le champ de bataille.