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Jihad à l’européenne

Jihad 2.0


18 Septembre 2014 | 07:22
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Auteur : Iles Sad


Le nouvel eldorado. C’est ainsi que représente les jihadistes européens sur internet la Syrie ou l'Irak. Une guerre scénarisée comme un jeu vidéo.  Une inquiétude planétaire.

« J’en ai rien à foutre de l'islam, je vais faire mon jihad »

Combattants armés de kalachnikov, ils partagent leurs "selfies" sourire aux lèvres et immortalisent en photos leurs soirées pizza dans de luxueuses villas réquisitionnées par le groupe Etat islamique (EI), distillant en accès libre l'image d'un jihad idéalisé, où l'idéologie n'arrive qu'au second plan.

Ces jeunes Européens décrivent leur quotidien de jihadistes en utilisant les codes de leur génération occidentale ultra-connectée. Et c'est désormais dans leur langue maternelle qu'ils appellent à rejoindre l'"EI, qui est là pour sacrifier son argent et ses soldats".

Ce sont les mots du Français Abou Abdallah G., un beau gosse passé par la Grande-Bretagne et l'Espagne. Filmé en Syrie, entouré d'enfants, il disait "aider les pauvres familles". Un affichage volontairement humanitaire qui tranche avec les photos de têtes décapitées plantées sur des pics qu'il publiait sur son compte Facebook. Son profil comptait environ 4.000 "amis" à sa mort en juillet.

En France, "deux tiers des personnes qui se sont autoradicalisées via l'internet n'étaient pas connues des services de renseignement et les cas prospèrent comme des champignons, touchant de plus en plus de filles", explique une source policière.

"L'instruction religieuse n'est plus nécessaire. Pour preuve, on voit des messages du type -j'en ai rien à foutre de l'islam, je vais faire mon jihad-. Les radicaux préfèrent vendre l'EI comme un nouvel eldorado, où l'argent coule à flots", estime une source policière.

 "Call of Duty", comme outil d’endoctrinement

Comme l'organisation a besoin de combattants, l'engagement est scénarisé comme dans un jeu vidéo et détourne les codes du célèbre jeu "Call of Duty", en multipliant les vidéos de combats et d'exécutions sommaires.

Outils de prosélytisme, les réseaux sociaux lui permettent de dispenser des conseils pratiques pour partir sans éveiller l'attention des familles et des autorités. Pour la majorité des Européens, le départ pour le jihad précède le premier contact physique avec un jihadiste, qui a souvent lieu au moment du franchissement de la frontière turque vers la Syrie.

Le basculement vers la radicalisation "naît de la rencontre entre un jeune très sensible qui se pose des questions sur les injustices et un discours qui le transforme en sauveur de l'humanité. L'endoctrinement débute presque systématiquement par l'internet", explique Dounia Bouzar, directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam en France.

   

930 Français impliqués en Syrie te en Irak

Selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, environ 930 Français sont impliqués dans des filières vers la Syrie et l'Irak (350 sur place, 180 repartis de Syrie, 170 en transit vers la zone et 230 ayant des velléités de départ), nombre en "augmentation de 74% en huit mois". 36 sont morts sur place.



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