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La classe politique égyptienne entre opportunisme et realpolitik

Les salafistes du parti Al-Nour soutiennent al-Sissi


al-nour

17 Mai 2014 | 11:49
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Islamistes, ils soutiennent pourtant Abdel Fattah al-Sissi : les Salafistes du parti Al-Nour tentent de survivre sur la scène politique égyptienne, quitte à perdre leur âme et des partisans. "Nous avons une vision sur le long terme", affirme le porte-parole d’Al-Nour Nader Bakkar, à l'AFP. "Nous voulons l'application de la charia (loi islamique) mais pas d'un Etat dans l'Etat", comme a essayé de le faire, selon lui, M. Morsi en accaparant les pouvoirs au profit de sa confrérie.

C'était là, le principal reproche des millions de manifestants qui ont réclamé son éviction fin juin 2013 avant de l'obtenir de la main de l'armée. "Nous voulons un système parlementaire, pas un président qui accapare tous les pouvoirs", assure le porte-parole d'Al-Nour. Mais en soutenant le pouvoir en place, Al-Nour s'est aliéné une partie de son électorat.

 

La crainte d’un coup d'Etat

 

Mohammed, directeur d'une pharmacie de 37 ans, fait partie de ces déçus.  Pour lui, Al-Nour a oublié "la religion au profit de la politique". Mais pour Mohammed, "ils ont tout simplement peur de vivre ce qui est arrivé aux Frères musulmans", leurs anciens alliés dont la quasi-totalité des dirigeants, dont M. Morsi, encourent la peine de mort dans de multiples procès. "Beaucoup de mes amis estiment qu'ils sont des traîtres, des collaborateurs de la Sûreté de l'Etat", affirme Mohammed. De nombreux membres d'Al-Nour qu'il connaissait ont quitté le parti. Mohammed, lui, boycottera la présidentielle. "Qui me garantit qu'il n'y aura pas un nouveau coup d'Etat" si le candidat élu ne convient plus aux militaires ?

 

Un spécialiste en parle

 

En apportant une caution islamiste aux autorités, Al-Nour se situe dans la droite ligne de ce qu'Omar Ashour, spécialiste de ces mouvements, appelle "le salafisme autoritaire". "Ce courant appelle à soutenir le pouvoir en place, qu'il soit oppresseur ou démocratique car, selon lui, la seule autre alternative, c'est le chaos", explique-t-il à l'AFP.

Il estime que le choix d'Al-Nour "relève d'une position idéologique mais aussi de l'opportunisme" compte tenu la puissance de l'armée. "Contrairement aux Frères musulmans qui sont comparables à une organisation militaire où personne ne peut s'écarter de l'idéologie, le courant salafiste est riche et Al-Nour ne représente pas tous les salafistes", rétorque M. Bakkar, assurant que les chiffres alarmistes des défections ne sont que "propagande, exagération des médias".

Les salafistes, conservateurs sur les questions de mœurs ou de société mais relativement libéraux sur le plan économique, sont depuis toujours divisés à propos des élections: certains les rejettent, d'autres comme Al-Nour font le choix de s'y engager.

Al-Nour est ainsi parvenu à sauver sa place sur la scène politique: il a pu siéger au sein de la commission qui a remanié la Constitution adoptée sous la présidence islamiste et se prépare désormais à participer aux législatives prévues après la présidentielle.

 

Iles Sad

 



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