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Coupe du monde 2014

La Roja a rendu l’âme mais ce qu’elle écrit restera à jamais dans l’histoire !


19 Juin 2014 | 15:50
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La génération dorée du Football Espagnol double championne d’Europe en titre et championne du monde a vu son cycle victorieux s’achever et c’est le Chili vainqueur (2-0) qui a officialisé la fin du règne Espagnol quelques heures avant l’intronisation au trône de Felipe VI comme nouveau roi d’Espagne, tout un symbole.


Auteur : salim hamidouche


"A vida o muerte». Eh bien, en voyant l’Espagne hier, c’était le football de la ‘’muerte’’, bien sûr, les journaux espagnols de ce matin étaient, comme toujours, sévères, définitifs voir très ingrats envers cette fabuleuse génération qui a pourtant donné tant de fierté à tout un peuple. ‘Ganar’ ou l’emporter en français était la seule solution possible, mais au vu de ce que la Roja a montré au cours de cette rencontre, battre le Chili était quasiment impossible. Comme si que sur la pelouse s’était présentée l'ancienne Espagne du siècle dernier, celle impuissante et sans phénomènes loin de la brillante génération de l'Euro 2008, où l’histoire de la Roja était née.

L'Espagne est sortie de l'Olympe du football, du mythique Maracana de la même manière avec laquelle elle y était rentrée, sans âme, sans solutions, impuissante et totalement désunie. Le Chili sans être brillant a surclassé une formation en déroute, courant deux fois plus vite et en donnant le tournis à des espagnols incapables de récupérer le ballon, eux les pourtant rois de la possession. Une véritable humiliation, certes. Mais à la fin, cela reste que du sport.  

Une élimination en quart ou en huitième de finale aurait eu de toute façon le même effet. Cette sortie prématurée du tenant du titre rappelle celle de l'Italie en 1986 au Mexique, bien que la sélection du regretté Bearzot ait réussi à aller un peu plus loin. Encore une fois cette Roja ressemble aussi à une autre Squadra Azzurra, l'Italie championne du monde en titre en Afrique du Sud. Celle-ci a encore plus de points communs avec la Roja actuelle. L'entraîneur, dans ce cas, la bon vieux Del Bosque comme Marcello Lippi en 210 est resté attaché à l'ancienne génération, celle qui lui a offert tant de victoires et de bonheur. Et comme Bearzot et Lippi, il a été trahi par sa trop grande gratitude. On ne gagne pas toujours, heureusement, la seule façon de résister est de changer au fil du temps, de renouveler l’effectif en injectant au fur et à mesure de jeunes talents, et de ce côté là, l’Espagne peut se targuer d’avoir un très riche réservoir ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Casillas n’est plus celui connu il y’a dix ans, le capitaine de la Roja est devenu qu’un simple faire valoir, cette critique sévère est valable pour tant d’autres: Iniesta, Fàbregas, Xavi, Villa ou encore Torres ne sortent plus du lot. Les joueurs de la nouvelle génération espagnole comme Azpilicueta ou Diego Costa ont été incapables de combler le manque technique et d’énergie et d’apporter le jus et plus escompté qui aura manqué aux Ibériques. Les joueurs du Real Madrid vainqueurs de la Ligue des champions semblent avoir le ventre plein et n’ont plus faim après avoir tout gagné que ce soit en club et en sélection. C’est ce qui est arrivé d’ailleurs auparavant aux joueurs du FC Barcelone à un moment donné qui a force de tout gagner, sont devenus suffisants et ont fini par perdre tout leurs repères. C’est exactement ce que la Roja vit actuellement, elle a perdu ses phénomènes, son jeu et est devenue une formation ordinaire. La belle saison de l'Atlético Madrid fut une belle nouveauté, mais pas assez toutefois pour donner du renouveau.

La triomphe du Real Madrid en Ligue des Champions a peut-être induit en erreur. Lors de la finale dans laquelle l'équipe qui avait battu l'Atlético Madrid, il y avait en effet seulement que trois Espagnols. Un Carvajal pas convoqué, un Sergio Ramos titularisé contre le Chili nonobstant sa prestation désastreuse face au Pays-Bas, et enfin le capitaine Casillas qui a failli faire perdre la finale de la Ligue des Champions au Real Madrid et qui a été avec Ramos et Piqué l’un des principaux responsables de la déroute (5-1) contre les Pays-Bas sans oublier un Xabi Alonso paru emprunté et sans envie. Les contributions des joueurs de l’Atlético Madrid tels que Diego Costa, David Villa, Juanfran ou encore Koke n’ont guère changé la donne eux qui sortent également d’une saison harassante et éprouvante avec le club champion d’Espagne. Alors que les joueurs de Barcelone (Piqué, Jordi Alba, Busquets, Xavi, Pedro et Iniesta) ont confirmé leur mal en club sous les couleurs de la Roja, pour faire simple, personne ne s’en sort indemne de ce Mondial désastreux.

L'Espagne a remporté tellement de titres s’appuyant sur une extraordinaire génération de joueurs, partiellement construite et planifiée, en partie parce que la chance leur a offert une équipe en or mais pas seulement. Le système de jeu se mariait à la perfection à ces hommes bourrés de technique, leur classe ayant fait le reste: outre la maestria des joueurs de Del Bosque, leur grande technique conjuguée à un sens du jeu collectif inné inspiré du football total Néerlandais a été la clé de ces différents succès mais aussi le principal point faible car les solutions de rechanges d’un jeu stéréotypé devenu inefficace n’ont jamais été trouvées. Des joueurs raffinés, rapides, et pas le ‘’robocop’’ que nous avons vu au cours des dernières années. Beaucoup de joueurs finalement de cette formation étaient présents lors du Championnat d'Europe en 2008 et c’est peut-être la que le bas blesse, à l’exception du vice capitaine Puyol. Pour le reste, il n’y a pas toujours une raison précise pour expliquer la fin d’un cycle ou d’une époque. Toutes les équipes, même les plus redoutables, naissent, progressent, grandissent et finissent par mourir, c’est le cycle naturel de la vie. En y repensant avec sagesse. Ce n'est pas du tout un drame. En effet, pour tout ce que l'Espagne a fait, pour le football que nous avons eu la chance d’admirer, pour les soirées de divertissement qu’elle nous a offerte, elle ne mérite que des applaudissements même si elle a rendu les armes avec dignité et honneur.

 

 

 



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