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Entretien avec Malik Medjnoun, accusé dans l’affaire Matoub Lounès

« J’essaie de vivre et d’oublier. »


24 Juin 2014 | 18:06
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Malik Medjnoun est l’un des deux accusés dans l’affaire de l’assassinat du célèbre chanteur engagé Kabyle, Matoub Lounès. Après que Hakim Chenoui, principal accusé dans l’affaire, s’est repenti le 17 septembre 1999, Malik Medjnoun a été arrêté, à Tizi-Ouzou puis conduit à un centre de rétention à Alger, dit centre « Antar », ou il a été placé en détention secrète pendant des mois sans jugement.


Auteur : Madjid Serrah


Plusieurs ONG ont dénoncé sa détention arbitraire et ont appelé à sa libération, mais il fallait attendre jusqu’au mercredi 2 mai 2012 pour qu’il quitte la prison. Après 11ans de détention provisoire. Un cas unique dans le monde et dans les annales de la justice.

Après sa sortie de prison, il a refusé de donner des entretiens aux médias algériens et étrangers et il a préféré se retirer. Malik Medjnoun livre ses impressions pour la première fois à un journal francophone algérien.

Malik Medjnoun : Figurez-vous que c’est la question qui me taraude. La seule explication que j’étais proche des milieux islamistes et que je suis natif des Ath Douala. Donc j’étais un candidat idéal pour l’accusation.

 

Vous étiez ou le jour de l’assassinat de Lounès ?

 

Le jour de l’assassinat de Lounès j’étais dans un restaurant, très populaire à Tizi-Ouzou entrain d’aider des amis. Ces derniers ont témoigné le jour du procès mais leur témoignage n’était pas pris en considération.

 

Pourriez-vous nous parler de votre arrestation et détention ?

 

Ce n’est pas une arrestation, mais plutôt un kidnapping. Je me suis retrouvé dans un centre de détention secret à Alger pendant plus de 7 mois avec torture, sévices et humiliation.

On vous a proposé de sortir dans le cadre de la réconciliation nationale et vous avez refusé ?

 

Soit disant, d’après des magistrats j’ouvrais droit de bénéficier des dispositions de la charte de réconciliation nationale, puisque je n’était pas jugé alors que j’avais à l’époque 6 ans de mandat de dépôt et toute l’instruction a été faite, et même on a annulé un non lieu du juge d’instruction.

J’ai envoyé des correspondances à toutes les autorités compétentes que je voulais un procès équitable qui prouvera mon innocence, mais le radicule a voulu que je passe 6 autres années de mandat de dépôt. 

Après douze ans de détention qu’avez-vous fait juste après votre sorti de la prison ?

Après ma sortie de la prison donc je devrais regagner les Ath Douala, et ça comme réponse aux officiers qui ont juré que je ne mettrais plus les pieds à Béni Douala. Donc je suis allé à Béni Douala ou j’ai déposé une gerbe de fleur sur la tombe de Lounas. Et je circule toujours à Béni Douala la tête haute, car les Ath Douala c’est chez moi, et les habitants d’Ath Douala connaissent bien qui est Malik Medjnoun.

Que devient Malik Medjnoun aujourd’hui ?

J’essaie de vivre et d’oublier.

 

Il semble que vous-avez une bonne relation avec la famille Matoub ?

Oui, tout à fait. La famille Matoub m’a toujours soutenu, en particulier sa mère  Na Aldjia, à qui je souhaite un prompt rétablissement et sa sœur Malika. Et c’est pour cela que je souhaite que les fans de Matoub Lounès soient tous derrières ces deux femmes courageuses dans leur combat pour la vérité et la justice dans l’affaire Matoub.

Que représente pour vous Matoub Lounès ?

Matoub Lounès n’est pas seulement une idole ou un artiste mais un militant engagé pour la cause et l’identité amazighe, un militant des droits de l’Homme et toutes les causes justes. Paix à son âme.

Lounès est ce militant courageux et infatigable qui est mort digne pour ses idéaux au moment ou des hommes se vendaient et s’achetaient comme des petits pains.



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