Acueil Commentaire A chaque génération son petit truc


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Said Boucetta

A chaque génération son petit truc


  Said Boucetta     said65dz@gmail.com

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En cette période estivale où l’on sent un véritable effort pour amuser le peuple, il est sans doute utile de voir un peu en dedans. Ce que nous sommes, où nous étions et ce que nous risquons de devenir, si d’ici la fin de la rente, on demeure comme on est actuellement. Il faut tout de même souligner que lorsqu’on parle de nous, ce n’est notre génération dont il s’agit. Elle est déjà sauvée par la rente. Ce sont ceux qui naîtront dans trois ou quatre décennies qui vont en baver.

En fait, c’est ça l’Algérien. Il pense toujours à ceux qui vont venir. Notez bien que ceux qui ont sacrifié leur vie et grâce à qui nous fêtons annuellement notre indépendance ont surtout pensé à nous autres enfants de l’indépendance.

Mais avant de pousser l’imagination jusqu’à l’après pétrole, reconnaissez que nous vivions dans un pays formidable. Une planète à lui tout seul. Il a le chic d’avoir fait le tour de toutes les peines et de presque toutes les joies. Il est passé par des crises qui ont fait jaser le monde. Ses jeunes ont montré un courage qui a fait clouer la planète de stupéfaction.

Même son émigration est un peu particulière. Il faut bien le reconnaitre. Nous autres Algériens, nous ne sommes pas comme le reste du monde. Nous avons ou une case en moins ou une de trop. L’histoire particulière, faite de conquêtes, de contre-conquête de rois, de président mort assassiné pour avoir commencé son boulot, donne à l’Algérie cette impression d’être toujours entrain de courir et forcément, lorsqu’on court trop on n’a pas le contrôle de son environnement. L’entourage qui, lui, ne bouge pas aussi vite, nous observe et constate qu’il y a comme une instabilité dans notre attitude.

Tout le monde s’accorde à dire qu’une nation, c’est exactement comme une famille qui en constitue d’ailleurs la cellule de base. Il faut beaucoup de stabilité dans un foyer pour avoir une progéniture qui ne vous oublie pas à l’âge de la sénilité. Il faut une entente parfaite entre les deux parents, une éducation exemplaire des enfants et un véritable projet de vie basé sur des principes immuables, à même de garantir la stabilité nécessaire à la famille.

Vous avez sans doute autour de vous des exemples de vies familiales stables qui font la fierté des chefs de familles. Ces derniers vivent leur troisième âge dans la tranquillité. Pour ce genre de stabilité, il n’est pas besoin de paquets de milliards en centimes, mais juste une bonne petite retraite et des grands enfants aux petits soins.

Si vous multipliez ces exemples positifs par le nombre de familles que compte le pays, vous parvenez à une société parfaite qui avance d’un pas harmonieux vers le développement. Ça donne une image irréaliste, digne d’un film de science fiction des années soixante dix.  En réalité, la fameuse société parfaite n’existe pas. Et notre pays où la stabilité n’est pas trop son fort, il ne faut surtout pas faire ce genre de rêve.

Mais reconnaissons tout de même que notre génération a gardé une qualité de sa précédente. Elle pense à celle qui va venir, même si elle ne fait pas grand-chose pour lui faciliter la vie.