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L’une des principales leçons du quatrième mandat

L’Algérie vit une situation de sous représentation historique


gouvernement

29 Avril 2014 | 15:16
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L’image « triste » d’un vieil homme prononçant difficilement le serment de son investiture a fait le tour du monde. Les Algériens qui ont renouvelé leur confiance à Bouteflika, avaient-ils vraiment le choix ? Il faut dire qu’en matière de personnages politique, l’offre en personnalités dans le système et ailleurs est plutôt maigre.

 

En ces temps de raréfaction de cadres politiques algériens dignes de ce nom, il serait fort intéressant de se poser la question du comment et du pourquoi de cette situation. En effet, tout un chacun s’interroge sur le fait qu’un pays qui a fait l’une des plus retentissantes révolutions du XXe siècle en arrive à un niveau de platitude qui le met dans une sorte de cul de sac, sans autre possibilité que de stagner et attendre le Messie.

Il faut dire, en effet, que le personnel politique national ne semble pas à la hauteur de celui de la génération de Novembre. Il ne parvient pas à relever le défi d’une démocratisation véritable. En tout cas, il se dégage une impression de « sous représentation historique », comme s’il ne fallait rien attendre de cette génération que d’évacuer les affaires courantes, avec les résultats que l’on voit aux plans économique, politique et social, notamment.

 

Pourtant, ca ne date pas d’hier

 

Pourtant la tradition des luttes politiques ne date pas d’hier. Engagé par l’Etoile Nord Africaine et avant par l’Emir Khaled, l’activisme politique algérien, dans sa perception moderne, prend ses racines dans le début du XXe siècle. Les initiatives prises à l’échelle individuelle ou partisane, versaient toutes dans le Mouvement national. Au fil des années et des luttes politiques, celui-ci a, en effet, produit beaucoup de cadres à travers le PPA, l’UDMA, les Oulémas, les SMA.

A chaque génération ces jeunes, et chacune faisait avancer la question algérienne et profitait de l’expérience de son aînée sans complexe aucun. Aussi, lorsqu’intervint la crise au sein du PPA, entre Centralistes et Messali El Hadj, c’étaient les membres l’Organisation secrète (OS), composée essentiellement de jeunes militants développant une vision différente de celle de leurs aînés, qui ont eu le dernier mot en prenant une initiative qui donnera le souffle dont avait besoin le Mouvement national pour rebondir.

La création du FLN a été l’œuvre de cette nouvelle génération de militants qui a pris les commandes de la révolution. Ses jeunes ont été rejoints et soutenus par leurs aînés, après la grande réussite du congrès de la Soummam. Les cadres politiques de la révolution ont été d’un apport déterminant dans l’issue de la Guerre de libération nationale.

 

Ces adolescents bien élevés

 

Au lendemain de l’indépendance, cette génération de politiques a vécu de profondes divergences. Crise, emprisonnement, exil d’une partie de l’élite. Certains cadres de valeur n’ont pas participé à la tâche d’édification du pays. L’élite qui a exercé le pouvoir a montré certaines limites dans la gestion des affaires de la cité et de l’Etat.

L’absence de contrepouvoir et d’opposition composés par la génération de Novembre n’a pas permis de corriger les erreurs commises et l’Etat s’est retrouvé otage d’une classe de dirigeants qui refusait d’admettre son échec.

L’ouverture démocratique devait déboucher sur une plus grande participation de tous à l’effort d’édification. De retour au pays, l’élite de Novembre exilée n’a pas réussi grand-chose. L’on a à peine senti sa présence sur la scène nationale.

Après quelques errements durant les années 90, le  FLN revient aux affaires avec une nouvelle génération qui semble accepter le jeu démocratique, mais elle reste tout de même le produit du système du parti unique. L’on constate en tout cas, un certain nivellement qui a fait que les cadres actuels du parti ne font pas montre d’une grande imagination dans la formulation des propositions.

Au FLN comme ailleurs, l’actuelle génération qui partage la responsabilité avec la génération de Novembre, ne parvient pas à convaincre les Algériens au regard des taux de participation particulièrement faibles dans diverses consultations électorales.

De plus, on ne voit pas l’émergence de leaders au sein du pouvoir ou dans l’opposition qui puissent conduire la démocratie naissante à bon port.

Il semble que cette génération n’a pas donné le plus qu’on aurait pu attendre d’elle.

Complexés par la grande œuvre de leurs aînés, les politiques actuels se comportent comme d’éternels « adolescents bien élevés » attendant les orientations de leurs grands frères. Ces derniers ne semblent pas conscients, eux aussi, de la nécessité de donner à leurs successeurs potentiels l’autonomie nécessaire pour qu’ils puissent exercer tous leurs talents. Une « OS » politique n’est vraisemblablement pas dans les tablettes des militants de Novembre.

 

Renouvellement mécanique

 

Aujourd’hui, au FLN on évoque ouvertement le concept de continuité, histoire de renouveler l’effectif militant et mettre en selle la prochaine génération. Or, il semble que ce rajeunissement voulu par le vieux parti est d’ordre strictement mécanique. On intègre de nouveaux militants sur le simple critère de la jeunesse et on les fait encadrer par une génération qui a montré une grande timidité dans l’action politique puisque écrasée par le poids des aînés.

La nouvelle génération de militants du FLN donne cette impression de ne pas chercher son leader dans ses rangs, mais de faire comme tout le monde et soutenant l’homme fort du parti, sans tenir compte des intérêts de générations.

Une telle manière de faire coupe les militants des réalités que vivent les jeunes de leur âge et les mets donc dans le cocon du système et leur enlève de fait tout esprit « révolutionnaire ».

Dans l’opposition, le tableau est, pour ainsi dire, le même. Les élites partisanes ne pensent qu’à leur maintien à la tête des formations politiques qu’ils ont créées au tout début de l’ouverture démocratique. Ils passent le plus clair de leur temps à écarter d’éventuels concurrents. De fait, la promotion dans les partis de l’opposition ne se fait pas sur le critère de la compétence et de l’imagination politique fertile, mais sur le degré d’allégeance au chef. Il faut dire qu’historiquement, l’opposition qui a tout de même une vingtaine d’années d’existence joue un rôle négatif dans la formation des élites politiques.

 

Saïd BOUCETTA

 



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