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Et le vendredi ?


16 Avril 2014 | 14:43
shadow


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Les Algériens sont appelés ce jeudi aux urnes pour une élection présidentielle dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle est incertaine. Qu’on ne s’y méprenne pas pourtant, l’incertitude, il faudra aller la chercher dans ce qu’elle charriera par l’impact de ses résultats plutôt que par ses résultats tout court. Ceux qui, par naïveté, par  ténacité ou à dessein nourrissent encore quelque illusion sur l’issue de ce scrutin, auront encore à se réveiller avec une douloureuse gueule de bois, avant même de dormir, puisque la tendance générale va se dessiner dans la nuit même si les résultats officiels ne seront, dans le meilleur des cas

Communiqués que dans la matinée de vendredi. On ne présente pas un candidat dans les conditions politiques et l’état de santé que l’on sait pour le soumettre aux exigences d’une compétition loyale, avec la possibilité de perdre ou même de gagner par un score qui le rapprocherait de « ses » adversaires. Et Ali Benflis, par la force des choses son plus sérieux concurrent, comme ses soutiens, le savent. Ils avaient encore quelque espoir avant l’annonce officielle de la candidature de M. Bouteflika qui s’est évaporé depuis. Et ça a donné ce que ça a donné : un remake de 2004 qui semblait un moment invraisemblable tellement l’état physique du président en exercice était moralement indéfendable, y compris par les moins scrupuleux. Un remake d’autant plus périlleux que les deux hommes on accumulé en dix ans de temps trop de choses à se reprocher pour constituer une alternative rassurante pour l’Algérie. Abdelaziz Bouteflika avec un bilan calamiteux et Ali Benflis avec un ermitage politique qui n’aide pas à forger une stature d’homme d’Etat. Avec entre autres une situation politique en nette régression, une économie à l’arrêt et des scandales de corruption à n’en plus finir, il n’y a pas grand-chose à vendre dans ce long passage aux affaires du président-candidat et ça se voyait de façon assez nette dans l’indigence de sa campagne qui plus est, s’est déroulée sans lui, ce qui est unique dans les anales de l’Histoire politique. Un bilan dont la casserole la plus bruyante est le viol de la constitution qui lui a permis de briguer un troisième mandat. Un aménagement scandaleux qui n’a pas pour autant fait réagir… Ali Benflis qui venait d’entamer sérieusement son crédit. Par son silence sidéral sur cette question comme sur d’autres, il a donné la mesure sur une conception de l’engagement politique tout simplement hilarant. D’autant plus hilarant que la formule, on s’en souvient, appartient à… Bouteflika : je suis président ou je rentre chez moi ! Conjuguée à un projet politique et des propositions économiques illisibles, la posture d’Ali Benflis n’est pas de celles qui offrent une alternative tentante. En tout cas pas assez pour convaincre les Algériens de forcer le destin, les choses étant au point où elles sont. Dans ces conditions, les termes de l’équation sont assez simples. D’un coté un président politiquement discrédité et physiquement grabataire dont les soutiens sont prêts à tout pour le maintenir à son poste. De l’autre un candidat qui menace par la rue si, à Dieu ne plaise, il n’est pas… élu ! Difficile, dans ce climat à couper au couteau d’envisager un scrutin dans la sérénité. Et ce ne sont pas les Algériens ordinaires qui se sont inventé des raisons d’avoir peur. Tout au long de la campagne, ils ont pu vérifier que ce rendez-vous ne sent pas la rose. Ils vont certainement exprimer leur inquiétude de la manière la plus évidente en restant chez eux jeudi. Vendredi est un autre jour mais pas le même pour tout le monde. Et si l’alternative était ailleurs que dans le statu quo ou l’aventure ?

Slimane Laouari



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