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L’Université Algérienne

Les pieds en Algérie et la tête ailleurs


tudiants

30 Avril 2014 | 13:43
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tudiants

L’une des tares de l’Algérie de 2014 est son incapacité à convaincre sa société savante quant à son rôle dans l’effort de développement du pays. Malgré un investissement très important au plan financier, l’université algérienne demeure encore éloignée des performances qui devraient être les siennes aux plans africain et international. Pis, les universitaires, eux-mêmes, préfèrent se projeter hors des structures universitaires nationales, pour s’affirmer. En 52 ans d’indépendance, l’Algérie est l’un des pays au monde qui a le plus fait pour sa communauté estudiantine, mais sans pour autant mettre les bases d’un système universitaire performant. Bien au contraire, il se dégage une impression de grave déperdition.

Pourtant, le 19 mai 1956, l’appel du FLN aux étudiants algériens devait constituer le premier jalon d’une démarche mettant le savoir au cœur de la stratégie de développement de l’Algérie indépendante.  Etudiants et lycéens ont rejoint en masse les rangs de l’ALN. Un engagement qui, à côté de celui des artistes et des travailleurs, a renforcé la détermination du peuple dans sa lutte pour l’indépendance.

Avec la libération du pays, les autorités centrales ont pris la mesure de ce qu’il restait à construire pour donner un prolongement concret au 19 mai 1956. L’analphabétisme touchait 90% de la population et la communauté universitaire se chiffrait à quelques centaines d’étudiants seulement et un peu plus de lycéens. L’effort à fournir allait être immense et ce fut le cas.

Des décisions volontaristes ont été prises par les plus hautes autorités du pays et le système éducatif national pris forme dans l’urgence, mais a finit par prendre forme et les premières générations de bacheliers avaient vu le jour dès l’entame de la décennie 70.

A cette époque, les étudiants étaient associés aux taches « révolutionnaires » et prenaient part aux débats sur le développement du pays. Ils avaient entre autres missions, celle d’expliquer le sens profond du socialisme aux paysans. C’était l’époque des grandes opérations de volontariat qui voyaient les étudiants politiquement très engagés dans l’effort de développement.

 

La cassure

 

Mais l’absence d’une vision claire de ce que devait apporter l’université à la nation rendait presque inefficace toutes ces actions volontaristes. Une fois le diplôme décroché, l’universitaire s’excluait de cette ambiance « révolutionnaire » pour entrer dans un monde bureaucratisé et « stérilisant ».

Pendant les années 80, les étudiants, déjà assez nombreux, sont quelque peu dépossédés de leur rôle politique dans la société. L’émergence du mouvement islamiste au sein de l’université a corrompu sa mission originelle et créé un malaise au sein de l’institution universitaire. Le débat s’était transformé en querelles intestines et le mouvement étudiant perdit de sa force. L’on avait accusé le pouvoir politique de l’époque d’avoir « laissé faire ». Il voulait aseptiser le mouvement estudiantin, notamment après les événements d’avril 80 qui avaient vu les étudiants prendre la tête de la protesta. Le pouvoir avait peur de la contagion.

Une sorte de léthargie a gagné l’université durant des années et c’est ainsi que les étudiants ont assisté, en spectateurs, à l’explosion d’octobre 88.

Il reste néanmoins que l’ouverture politique a permis aux universitaires algériens d’afficher clairement leurs opinions et l’on s’est rendu compte que sur le plan de l’engagement politique, la majorité n’avait aucune opinion et était surtout animée par le désir de faire carrière sous d’autres cieux. Les études étaient devenus un moyen efficace pour se réaliser professionnellement, non pas en Algérie, mais en occident.

 

La nécessaire ambition

 

 

Durant les années 90, l’Algérie découvrait la fuite des cerveaux. Si avant, le phénomène existait. Durant la décennie noire, il a pris des proportions alarmantes au point d’être considéré par les étudiants, eux-mêmes, « comme la seule option possible ».

Ces dernières années, l’Etat tente de remédier à la situation en agissant sur l’amélioration l’environnement des étudiants et surtout celui des chercheurs, dans l’espoir de voir les prochaines générations construire leur avenir dans le leur pays.

Dans le domaine de la recherche scientifique, qu’elle soit fondamentale ou appliquée, le gouvernement a débloqué des centaines de milliards de dinars et initié des dizaines de projets de recherche.

Il y a lieu de préciser que l’intérêt des autorités centrales pour la recherche scientifique date du premier plan de relance économique 2002-2007, où la recherche scientifique a bénéficié d’un budget propre à elle. Cette tendance s’est confirmée pour les deuxième et troisième plans et constitue donc une constante dans la démarche des pouvoirs publics.

Aujourd’hui, l’Algérie est une nation qui accorde une vraie importance à sa communauté universitaire, ou tout au moins, tente de la mettre au centre de la stratégie de développement. Mais l’on sent comme une cassure quelque part. Tous les efforts de l’Etat ne semblent pas donner des résultats probants.

Inversion de valeur oblige, la société n’accorde pas l’importance qu’il faut au scientifique et à l’échelon intermédiaire de la responsabilité au niveau de l’administration, les fonctionnaires donnent l’impression d’être encore sclérosés et ne parviennent pas à se hisser au niveau de l’ambition des autorités centrales par rapport au secteur du savoir. Il y a également la sphère économique encore trop portée sur l’importation et pas du tout prête à investir dans l’innovation. Ce qui fait que les étudiants algériens ne se voient toujours pas une vraie place dans leur société.

 

Said BOUCETTA



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