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Alors qu’elle a besoin d’un visionnaire, Sonatrach a un DG par intérim


27 Juillet 2014 | 17:38
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Ce dimanche, Saïd Sahnou, qui a occupé les fonctions de vice-président de l’activité Amont au sein de Sonatrach est propulsé DG par intérim de la société en remplacement de Abdelhamid Zerguine.


Auteur : Hamid Salhi


Il est à se demander si ces changements peuvent éviter à Sonatrach d’aller droit dans le mur au vu des défis auxquels la société est confrontée. Si le devenir de l’Algérie est intimement lié à la rente des hydrocarbures elle n’est pas à l’abri des périls comme une chute des cours des hydrocarbures.

Ces craintes sont confirmée par le professeur Abderrhamane Mebtoul, selon lequel l’Algérie doit  diversifier son économie. Il ajoute que le cadre macro-économique actuel est artificiellement stabilisé par la rente des hydrocarbures. Mais une fois les réserves en hydrocarbures épuisées il y aura une pénurie de recettes fiscales et une difficulté croissante pour financer les importations. Or les importations de biens en 2013 ont été de 55 milliards de dollars plus 12 milliards de services et entre 5 à 7 milliards de dollars de rapatriements légaux de capitaux des firmes étrangères soit 72 à 74 milliards de dollars de sorties de devises. Les exportations sont de 65,9 milliards de dollars, y compris les 3,2% hors hydrocarbures pour un montant de 2,16 milliards de dollars, en régression par rapport à 2011 avec un montant de 73,5 milliards de dollars et 71,8 en 2012.

 

12 milliards de baril déjà pompés

Au chapitre des revenus de la rente, l’Algérie devrait aussi se préoccuper du rendement des réserves de change évaluées à 204 milliards de dollars au 1er juillet 2014 dont plus de 83% placées à l’étranger tant aux USA qu’en Europe avec des taux d’intérêts  et des rendements très faibles.

Selon Mebtoul, la plupart des entreprises publiques et privées fonctionnent avec des inputs importés, l’intégration selon des sources du ministère de l’Investissement ne dépassant pas 10/15%, étant une économie totalement rentière et extravertie, soumise aux chocs externes.

Le constat est que malgré que l’Algérie ayant pompé ente 1962 et 2014 plus que les réserves actuelles de pétrole estimées à 12 milliards de barils, importe 75% des besoins des ménages et des entreprises dont 60% en euros et exporte 98 % des hydrocarbures en dollars à l’état brut ou semi brut. 

La sphère économique est représentée par 83% de petits commerce-services, un dépérissement du tissu industriel moins de 5% du PIB avec 95% de ces 5% constitué de PMI-PME peu ouvertes aux innovations, et la sphère informelle à dominance marchande contrôle 40% de la masse monétaire en circulation, plus de 50% de la superficie économique et 65% des segments des produits de première nécessité. 

 

La rente et la valeur travail

 

Pour Mebtoul, le paradoxe pour un pays pétrolier et gazier est que l’Algérie a importé pour 3,5 milliards de dollars de carburants en 2013. Par ailleurs plus de 20/25% des recettes proviennent du gaz conventionnel qui connaît depuis la révolution du gaz non conventionnel les USA seront les concurrents de Sonatrach dès 2017 ce qui laisse présager un accroissement des exportations vers l’Europe.

Mais comment l’Algérie ne peut pas vivre éternellement grâce à la rente, Mebtoul propose de réhabiliter la valeur du travail et ses vertus. 

Selon lui, la rente des hydrocarbures captée surtout à l’amont contrairement à certains pays du Golfe qui ont investi à l’aval, a largement contribué à éponger la dette extérieure, la dette intérieure, mais des subventions non ciblées afin de comprimer artificiellement l’inflation entraînant un découragement des producteurs locaux, un gaspillage des ressources financières, des fuites hors des frontières.

Enfin, il y a cette question : comment la population algérienne qui sera 50 millions dans 20 à 25 ans vivra-t-elle sans hydrocarbures ? Et pour répondre à cette question, il faut plus qu’un changement à la tête de Sonatrach.



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