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Calvaire des « ponts » de l’aid à Alger

Une journée à la recherche du pain


02 Août 2014 | 09:29
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La gestion de la période d’après la fête de l’aïd devient problématique en Algérie. Ni la loi, ni les menaces de sanction ne parviennent à résoudre cette question qui, pourtant, relève d’un service public que tout prestataire devrait respecter.


Auteur : Saïd Rabah


Le citoyen qui espère, d’année en année, une amélioration de la situation est réduit, désormais, à la résignation. Certains emmagasinent les produits alimentaires plusieurs jours avant cette fête religieuse, alors que d’autres subissent le diktat des commerçants et surtout des boulangers. Et cela face à l’impuissance des pouvoirs publics.

 

En effet, trois jours après l’aid el fitr, les habitants des grandes villes, comme la capitale Alger, souffrent le martyre pour acquérir leurs besoins alimentaires les plus essentiels; les marchés des quartiers ne reprennent leur activité que timidement, tandis que les boulangeries et les commerces font, en majorité, le grand pont. Retour sur une dure quête d’une baguette du pain…

 

Jeudi 31 juillet. Deuxième jours après l’aid El Fitr. C’est une journée ouvrable. Le congé payé est terminé. Mais pas pour certaines professions. Nous l’avons constaté, lors d’une tournée dans certains quartiers de la capitale. Meissonnier, à Alger centre. Il était environ 9h00. Les rues grouillent du monde, mais les rideaux des principaux commerces restent baissés. Sur les deux boulangeries du quartier, seule une seule est ouverte. A son entrée, une foule commence à se constituer. Mais les étales sont encore vides. « Il n’y a pas encore du pain. Nous sommes entrain d’attendre. Le boulanger nous a annoncé la sortie du pain du four dans quinze minutes, mais il n’y a rien », lance un sexagénaire.

 

Entre temps, la foule devient de plus en plus compacte. Après un tour dans le marché des fruits et légumes qui est resté affreusement vide, nous sommes retournés dans la même boulangerie. Surprise : La queue s’étend sur plusieurs mètres et le pain n’est toujours pas sorti des fours.

Des scènes similaires devant les fast-foods

Les mêmes images sont également constatées au quartier Khlifa Boukhalfa (Ex-Clausel), à Belcourt, au niveau de la rue Belouizdad et dans la plupart des quartiers d’Alger-Centre. « Ce pays n’avance pas. On ne peut même pas gérer le pain », déclare, dépité, un jeune homme qui avait déjà peiné pour acheter quelques sachets du lait.

 

« Ici à Belcourt, la situation est nettement supportable que dans d’autres quartiers. J’étais à Garidi, les cafétérias n’offrent que des cafés noirs », ajoute notre interlocuteur. Cette même scène se reproduit également devant les fast-foods à l’heure du déjeuner. Alors les restaurants n’ont pas encore repris le boulot, les quelques commerces de sandwichs qui ont repris le travail affichent complets. Ils ne parviennent même pas à satisfaire la forte demande. C’est ce que nous avons constaté notamment à la rue Hassiba, au niveau de la place des martyrs et la place Audin. En somme, les habitants de la capitale se sont retrouvés face à un manque pénalisant en matière de produits de première nécessité, tels que le pain et le lait. Une pénurie qui ne dit pas son nom.

 

La régulation fait à nouveau défaut

 

Pourtant, il était question, d’après les déclarations des responsables du commerce, que 2015 commerçants assureraient la permanence durant les deux jours de l’Aïd. Un chiffre en hausse de 10% par rapport à l’année dernière durant laquelle  la direction du commerce avait mobilisé 1817 commerçants. L’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) avait, à son tour, annoncé la mobilisation de 9000 boulangeries pour assurer la permanence.

 

Il n’en fut rien. Les propriétaires des commerces défient même la loi n° 13-06 du 23 juillet 2013 modifiant et complétant la loi n° 04-08 du 14 août 2004 relative aux conditions d’exercice des activités commerciales.

 

 L’article 41 bis de ladite loi stipule que celui qui ne respecte pas la permanence écope d’une amende de 30 000 à 200 000 dinars. Le wali peut même procéder à la fermeture du commerce en question. Mais toutes ces mesures restent vaines pour le moment…



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