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Cyclisme - Mort de Pantani

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09 Août 2014 | 12:19
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L'enquête sur la mort du pirate a été rouverte dix ans plus tard par la justice Italienne: de nombreuses incohérences émergent après de nouvelles évaluations par rapport à celles des enquêtes précédentes. Essayons de faire un portrait de la situation.


Auteur : salim hamidouche


Marco Pantani a été retrouvé mort le 14 Février 2004 dans une chambre dans la résidence "Le Rose", à Rimini. Dix ans après cet incident tragique, l'enquête de sa mort a été rouverte dans une tentative de faire enfin la lumière sur le triste adieu de l'un des plus grands cyclistes italien et mondial.

Qui a rouvert l’enquête?

C’est ni plus ni moins l'avocat de la famille Pantani, en l’occurrence maitre Antonio De Rensis, qui a déposé une plainte auprès du procureur de Rimini la semaine dernière, afin que l’on procède à la réouverture de l'enquête sur la base de nouveaux éléments de preuve  ayant émergés après de longues enquêtes ainsi que des recherches sur les pages de la procédure pénale.

Les parents du défunt, sa maman Tonina et son papa Paolo, ont de leur côté toujours continué leur bataille personnelle, eux qui ne se sont jamais fait à l’idée ni accepter la thèse du suicide involontaire causée soit disant par une prise importante de cocaïne.

Quels sont les éléments qui ont contribué à la réouverturede l'enquête?

La défense de Pantani a réécouté des témoins importants de l'époque, mais ce qui a, avant tout joué un rôle crucial dans cette sombre affaire, ce sont ces nouvelles expertises médico-légale réalisées par le professeur Francesco Maria Avato, selon lesquelles le pirate aurait été violemment battu et forcé d'ingurgiter de la cocaïne dissoute dans l'eau, sa dépouille aurait également été déplacée.

A quoi est due la mort dePantani?

Un œdème pulmonaire et cérébral pour une surdose de cocaïne: la quantité de drogue trouvée dans le corps du coureur, toutefois, est si élevée que les enquêteurs pensent que cette dernière lui a été inhalé et non mangé par Pantani lui-même, mais plutôt de savoir si celle-ci avait été consommée après avoir été dissoute dans l'eau. Marco aurait donc fait cela en état limite dans les vapes, comme le laissent présager les blessures sur le corps du coureur, en raison d'un possible passage à tabac, toujours selon les enquêteurs.

MaisPantaniétait-t-il un adepte de la cocaïne?

Marco n'a jamais été testé positif dans les tests antidopage effectués au cours de sa carrière, et même de cocaïne. Il est probable, cependant, qu'il ait commencé à en prendre après le choc violent qu’il aura vécu suite à son exclusion du Tour d'Italie en 1999, presque remporté (il comptait en effet 5'38" d'avance sur le deuxième de l’époque, Paolo Savoldelli, à deux étapes de la fin) quand il a été arrêté et suspendu pour un taux d'hématocrite trop élevé.

S’était-t-il dopé alors pour cette occasion?

Le test de l'hématocrite avait à l’époque seulement révélé une concentration plus élevée de globules rouges dans le sang supérieur à celle autorisée par la réglementation (52% au lieu de 50%, avec une tolérance de 1%), avec une relative suspension du coureur pendant 15 jours. En réalité, les analyses effectuées par la suite sur le coureur, plus précisément sur sa moelle osseuse post-mortem, a totalement démontré et donc exclu qu’il ait utilisé des quantités importantes d’EPO au cours de sa carrière.

Que s’est-t-il passé par la suite?

Suivirent par la suite des années qui furent très difficiles et compliquées pour le pirate, tant sur ​​le plan personnel que celui judiciaire, et bien évidemment sportif. Pantani est devenu dépressif, il est certes revenu au vélo pendant un an, et puis quand il a recommencé à courir, il était très loin de son niveau précédent, à l'exception de quelques fulgurances sur le Tour de France en 2000. En 2003, il s'est également rendu à une clinique spécialisée dans le Veneto ou l’on traite la dépression et la dépendance à l'alcool, le mois de Février qui s’en suivit fut celui de la tragédie malheureusement.

N’avait-on pas déjà trouvé les véritables coupables?

A priori oui, après le procès pénal ont été condamnés Fabio Miradossa, un napolitain, le fameux fournisseur de confiance de cocaïne de Pantani depuis Décembre 2003, et Ciro Veneruso, autre napolitain mais un simple ouvrier d'usine à Rimini et celui qui ce jour-là lui avait apparemment donné la dose mortelle: les deux hommes ont été condamnés en Novembre 2005, respectivement, pour 4 ans et 10 mois et 3 ans et 10 mois de prison ferme.

Et alors, ou est le problème?

Il y’a beaucoup de détails qui, en fait, laisseraient croire, plutôt que d'un suicide par overdose, il s’agirait d’un assassinat, ni plus ni moins. En plus des résultats d'une nouvelle expertise médico-légale (des blessures à la tête, au poignet et à la jambe en raison d'un passage à tabac et la forte dose de cocaïne dans le sang), il y’a de nombreux indices qui indiquent que Marco Pantani n'était pas seul dans cette chambre. La scène du crime, en fait, aurait été chamboulée dans le  but d’induire en erreur les enquêteurs, contusions ou des coupures pour créer une sorte de «désordre ordonné». Les enquêteurs pensent qu’on voulait leur faire croire à une sorte de délire du Pirate suite aux méfaits de la cocaïne (mais sur les mains du cycliste, on ne trouva aucune trace de drogue ou de coupure) ce qui est en somme déjà assez étrange, difficile à expliquer aussi la présence de restes de nourriture chinoise (que Pantani ne mangeait pas) et des vêtements que Pantani ne pouvait pas porter (vestes de ski assez pesantes), lui qui était arrivé à Rimini sans le moindre bagage.

Quoi d’autre?

Oui, certains appels et demandes d'aide étranges par téléphone ignorées. Pantani, en fait, le coureur aurait téléphoné deux fois à la réception peu de temps avant sa mort, en demandant au secrétaire d'appeler la police («Est-ce qu'il ya quelqu'un pour m’aider?») sans jamais toutefois être entendu, et, surtout, à 20h50 ce jour-là, soit à vingt minutes de la découverte macabre de son cadavre, on enregistra un appel téléphonique surréaliste depuis la résidence "le Rose" ("Bonjour, est-ce vous Mr Marco Pantani?"), un appel effectué, cependant, sur un téléphone mobile qui n’appartient pas au Pirate (la personne qui a reçu l'appel a déjà été acquitté de toutes les charges). "Nous n’arrivons pas à joindre M. Pantani depuis des heures et nous avions ce numéro ... Mais, excusez-nous", poursuit l'appel de 41 secondes au total, comme si son auteur savait pertinemment que le coureur était déjà décédé.

Comment des détails si importants n’ont-t-ils pas été pris en compte?

C'est ce que justement cherche à comprendre cette seconde enquête, et ce que les parents de Marco ont toujours demandé depuis belle lurette. La première autopsie sur le corps du coureur était très approximative pour ne pas dire bâclée (l’indication de l'heure de la mort fut d’ailleurs erronée) et dans la salle d’autopsie, on n’a pas  jugé utile de prendre les empreintes digitales. Il parait donc impossible que Pantani ait pu consommer une dose très importante de drogue et qu'il pouvait par la suite téléphoner et  indiquer les noms indésirables.

À quia été confiéela nouvelle enquête?

Ce sera Elisa Milocco qui fera face à la réouverture de l'affaire, 33 ans, jeune procureur adjoint: l'hypothèse de meurtre maintenant et d’homicide volontaire ne faisant quasiment plus de doute, il faudra trouver les véritables coupables afin que la famille de Marco Pantani puisse enfin faire son deuil.



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