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Ukraine

Poutine calme ses protégés


07 Mai 2014 | 21:05
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À ce stade de la crise, c'est le revirement que personne n'attendait. Vladimir Poutine prend ses distances avec les séparatistes du Donbass, priés de tempérer leurs ardeurs référendaires. «Nous demandons aux représentants du sud-est de l'Ukraine et aux partisans de la fédéralisation du pays de reporter le référendum prévu le 11 mai», a déclaré le président russe, à l'issue de son entrevue avec Didier Burkhalter, le président suisse, qui dirige l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

Autre scrutin, l'élection présidentielle prévue le 25 mai par les autorités de Kiev dans tout le pays. Après la tragédie d'Odessa, le Kremlin l'estimait «absurde» et, par avance, illégitime. Cette fois, le ton de Vladimir Poutine est tout autre: «Je veux souligner que l'élection présidentielle prévue le 25 mai par Kiev est en soi un mouvement dans la bonne direction, mais elle ne servira à rien si les citoyens du sud-est de l'Ukraine ne comprennent pas comment seront garantis leurs droits.»

Un vocabulaire technique, presque aseptisé, pour celui qui raffole tant des formules chocs. Cette fois, point de junte «nazie», ni de «fascistes» sanguinaires. Le discours est carré, rassurant même. «On nous dit que nos soldats aux frontières inquiètent. Nous les avons donc retirés. Ils sont dans leurs bases habituelles, ça se vérifie facilement, on voit tout de l'espace», a-t-il lancé, rappelant également le rôle de la Russie dans la libération des observateurs de l'OSCE retenus en otage par des rebelles prorusses à Sloviansk. L'Otan et la Maison-Blanche ont aussitôt démenti le retrait des 40.000 hommes massés aux frontières. «Il n'y a pas de preuve pour l'instant», a déclaré le porte-parole adjoint du président américain, Barack Obama, Josh Earnest, avant de souligner «nous accueillerions favorablement un retrait significatif et transparent».

Quoi qu'il en soit, le président russe a bel et bien validé la «feuille de route», négociée par l'OSCE en 4 points: «cessez-le-feu, désarmement, dialogue, élections». Un «vrai dialogue pan-national», insiste Vladimir Poutine, qui appuie pleinement la proposition de la chancelière allemande, Angela Merkel, d'organiser des tables rondes entre les autorités de Kiev et les représentants des régions. Et de conclure son exposé par un petit sourire, accompagné d'un «voilà tout», en français dans le texte.

«Cette feuille de route, il n'y a pas plus réaliste, plaide Didier Bourkhalter. Ce n'est pas une conférence de suivi de Genève 2. Là, on est dans une approche plus pragmatique, un peu plus “à la suisse”. On propose un plan avec des points sur lesquels on est d'accord pour avancer.» Et, à en croire Vladimir Poutine, le dénominateur commun n'est pas si maigre. «Nos approches se recoupent largement», s'est-il félicité.

Le patron du Kremlin accusé de «vendre du vent»

Il faut dire que le président suisse, qui était présent le 7 février à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Sotchi, a su trouver les mots. Odessa? «La tragédie de trop», a-t-il lancé, avant d'appeler «l'ensemble des leaders signataires de l'accord de Genève», sous-entendu, les États-Unis et l'Union européenne, à condamner clairement les violences, quels qu'en soient les auteurs.

Signe de cette accalmie, les marchés financiers ont immédiatement salué ces annonces. En fin de journée, le Micex et le RTS, les deux principaux indices de la Bourse de Moscou, ont bondi d'environ 5 % et le rouble s'est nettement redressé face à l'euro et au dollar.

À Kiev, les belles déclarations du patron du Kremlin n'ont guère convaincu. «Vladimir Vladimirovitch (Poutine), vendre du vent, cela ne vous va pas, vous êtes président d'un grand pays», a répondu le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, cité par l'agence Interfax-Ukraine. Et d'ajouter, ironique: «Il aurait été bon que le président russe soit informé qu'aucun référendum n'a été prévu en Ukraine le 11 mai.»

 



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