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Disparitions forcées et charte pour la paix

Benissad : «La réconciliation ne se fait pas avec des régimes dictatoriaux »


30 Septembre 2014 | 15:44
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Auteur : Saïd Rabah


« Le droit à la vérité et la justice a été oublié de la charte pour la paix et la réconciliation nationale », déclare le président de la ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), Noureddine Benissad. S’exprimant lors d’une conférence sur les disparitions forcées durant la décennie noir et le 9ème anniversaire de la charte pour la paix, adoptée en 2005, organisée hier à Alger, l’orateur affirme que la réconciliation ne se fait pas avec les régimes dictatoriaux. « Toutes les expériences à travers le monde l’ont prouvé. Que ce soit en Amérique Latine ou en Afrique du Sud, la réconciliation s’est faite après la chute des régimes despotiques », précise Noureddine Benissad. 

Selon lui, le référendum sur la charte pour la paix en Algérie était « un plébiscite et non pas une élection ». « On connaît le mode d’organisation des élections en Algérie. La fraude a été toujours au centre de l’opération électorale », soutient-il, précisant que l’interdiction de parler de la tragédie nationale introduite dans ce texte est en contradiction avec l’objectif de la réconciliation. « Le droit à la vérité et à la justice n’est pas une revanche. C’est un mécanisme permettant de savoir ce qui s’est passé à la fois pour les familles des victimes et pour tous les algériens. C’est ainsi que les générations futures éviteront de retomber dans les mêmes erreurs », martèle-t-il. 

Outre l’interdiction d’évoquer cette phase douloureuse, le président de la LADDH évoque également un autre travers de la charte qui est la question de la réparation qui s’est faites avec plusieurs abus. « Il fallait reconnaître au moins les associations des victimes des disparitions forcées. Mais la vérité finira par éclater un jour », ajoute-t-il, en assurant que la LADDH restera au coté des victimes. 

Intervenant par la même occasion, Mme Wassila Belatreche, représentant des familles de disparus de Constantine relève aussi plusieurs abus dans le traitement de la question des disparus. « Les témoignages des familles qui ont vécu les faits et les décisions des juges ne sont pas toujours identiques. Les indemnisations ne sont pas également identiques. Certains familles de victimes ont eu 700 000 DA et d’autre 400 millions de centimes », précise-t-elle. Pour elle, les familles des disparus ne cherchent qu’à connaître la vérité. « Nous sommes prêts à abandonner nos droits pour le bien de l’Algérie et des générations futures », soutient-elle. Évoquant les nombreuses condamnations de l’Algérie par le comité des droits de l’homme de l’ONU, le président de la LADDH affirme que ces condamnations sont beaucoup plus symboliques. « Le comité des droits de l’homme n’a pas le pouvoir d’imposer à l’Algérie l’application de la condamnation », dit-il. 

La même chose s’applique aussi à la Cour pénale internationale (CPI) qui ne peut pas statué sur des faits qui se sont produits avant les années 2000. « L’Algérie a signé le statut de Rome, mais il ne l’a pas ratifié. Et même s’il le fait, il n’y a pas de caractère rétroactif des décisions de la CPI), précise Moumen Khellil, secrétaire général de la LADDH.             



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