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La manne pétrolière crée une société d'assistés

Deux économistes s’insurgent


01 Octobre 2014 | 16:44
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Auteur : Amine Salhi


Les deux économistes Abderrrahmane Mebtoul et Liès Goumiri ne sont pas satisfaits des modalités de gestion de l’économie de l’Algérie qui n’arrive pas à bâtir une croissance hors hydrocarbures. Ces deux experts se basent sur l'avis « général » des opérateurs économiques et autres institutions spécialisées selon lesquels une nouvelle organisation de l’économie sans objectifs stratégiques « n’apportera aucun résultat comme en témoignent les différentes organisations de 1963 à 2014 ». Ils citent le coût croissant et la démobilisation que cela entraîne due à l’instabilité juridique de l’Algérie qui exporte toujours 98% d’hydrocarbures à l’état brut et semi-brut alors que le secteur industriel représente moins de 5% du produit intérieur brut. A cela s’ajoute le fait que 83% de la superficie économique soit constituée de petits commerces services. Par ailleurs, les deux auteurs d’une contribution destinée à notre publication électronique ajoutent qu’on ne relance pas l’économie par décrets ou par des lois, legs d’une vision bureaucratique du passé. On ne pas non plus relancer l’économie à travers le mythe de l'injection de technologies transférées des pays avancés et des contrats «clé en main» sans transfert technologique et managérial. Il est ajouté que les entreprises publiques économiques sont fortement déficitaires et le secteur privé est marginalisé alors que les centres de recherche et développement, malgré leur nombre, sont  émiettés à travers les universités du pays et sont sans relations entre eux tout comme « ils piétinent et ne collent pas à l’environnement local et international poussant à la marginalisation ou le départ des meilleurs cerveaux. Le concept des contrats «clé en main» d’usines et complexes industriels est également critiqué : les deux économistes considérant que l’aisance financière dont jouit actuellement le pays semble réveiller d’anciens démons.

Par ailleurs, ils rappellent que la loi relative à la participation étrangère dans les investissements productifs à un maximum de 49% sans délimiter ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas, vient bouleverser encore les données. Ils regrettent que ce soient toujours les structures administratives qui contrôlent les structures de production en ajoutant que les économistes sont nombreux à penser à ce sujet qu'en Algérie aucune amélioration notable n'apparaîtra sans évolution politique, morale, culturelle et sociale. Ils appellent aussi au progrès de la démocratie, au rétablissement d'une authentique échelle de valeurs, à la diminution des inégalités sociales et à la suppression de la corruption et de la spéculation à tous les niveaux. « Le drame est que l'improductivité (distribution de la rente sans contreparties productives pour une paix sociale éphémère) a été cultivée pendant plus de cinquante ans par l'Etat jouant d'une main la manne pétrolière et de l'autre une politique sociale d'assistés », est-il ajouté.  

La «vache sacrée» est un pacte implicite en vertu duquel on échange des emplois non productifs contre une faible rémunération et une productivité médiocre, écrivent les deux auteurs de la contribution selon lesquels le secteur public est aujourd'hui montré du doigt alors que les entreprises privées ne sont pas préservées de ces mêmes difficultés. « Nous pensons qu'il s'agit d'un problème global qui touche non seulement tous les types d’entreprises algériennes, mais aussi tous les secteurs de l'économie nationale. L’Algérie a besoin d’une refonte totale d'un système économique, politique, social, moral et culturel », est-il conseillé. Amine Salhi



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