Avant-projet de loi de la santé
Les spécialistes évoquent les insuffisances
Auteur : Iles Sad
Débats musclés autour de l’avant-projet de loi portant sur la réforme du secteur de la santé. Inégalités dans l’accès aux soins et déplorable accueil font partie de ces aberrations que réservent nos hôpitaux à leurs patients et qui semblent, selon les observateurs, avoir été zappés par ce projet.
Or, et de l’avis de nombreux spécialistes, mais aussi de patients, ces sujets sont en amont des problèmes qui se devaient d’être traités. D’autant qu’ils impactent directement le premier concerné : le malade.
Un boulet que traine ce projet qui n’a pas manqué d’être mis en exergue par des sociologues, médecins, et experts réunis le temps d’une table ronde organisée par l’Unité de recherche en sciences sociales et santé (GRAS) hier mardi à Oran.
« Les problèmes essentiels occultés »
Ces derniers, n’ont d’ailleurs pas mâché leurs mots, et notamment par la voix du sociologue Mohamed Mebtoul qui indique que cet avant-projet « occulte les problèmes essentiels des patients relatifs notamment à l’accès aux soins et à l’accueil ». Des « zones d’ombres » mises sur la table par ces spécialistes qui indiquent que « l’avant-projet de loi de santé n’a pas pris en considération les problèmes de fond du système de santé en Algérie ».
Pour M. Mebtoul, il faudrait impliquer tous les acteurs sociaux, spécialistes, représentant du mouvement associatif et même les malades dans la prise de décision en matière de santé et instaurer ainsi une "démocratisation sanitaire", avant d’élaborer un projet de loi de santé.
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5 à 6% du PIB pour la santé
De son côté, le président du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires a estimé que "les solutions aux problèmes essentiels du secteur devraient être recherchées avant l’élaboration d’un tel texte législatif". Le Pr Nacer Djidjelli a résumé ces problèmes de fond du secteur par le maigre financement de la santé.
Il estime en effet qu'un taux de 5 à 6% du PIB consacré en Algérie aux dépenses de santé est "très insuffisant" pour garantir un système de santé performant, efficient et efficace. Ce taux varie de 12 à 15% dans d’autres pays, a-t-il évoqué. La dépense nationale de santé/habitant est de 300 à 500 dollars en Algérie, de 800 à Cuba, 8.000 en France et 8.500 aux Etats unis d'Amérique (USA), a-t-il ajouté.
Tout n’est pourtant pas si mauvais, tant la gratuité des soins que certains tentaient de remettre en question est consacrée par ce projet de loi. En attendant sa remise au gouvernement, les discussions restent ouvertes jusqu’au 15 octobre.
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