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La situation est de plus en plus tendue dans la ville de Tizi-Ouzou

Un après 17 avril « chaud » en Kabylie


emeutes de tizi-ouzou

24 Avril 2014 | 10:57
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Une semaine après l’élection présidentielle, boudée par la population, le citoyen fait face à la résurgence du terrorisme et la répression policière.

 

 De nombreuses personnes que nous avons interrogé hier, dans la ville des Genêts appréhendent, disent-ils, des scenarios inédits pour la région. C’est le cas de ce jeune étudiant  qui se rappelle de la répression brutale des services de l’ordre, dimanche dernier, à l’endroit des militants de la cause identitaires qui voulaient célébrer le Printemps berbère, comme à l’accoutumée, dans un climat pacifique.

 Ce futur architecte n’arrive pas à comprendre les raison de l’empêchement de la manifestation des anciens animateurs du MAK. « Ils voulaient marcher », estime-il, dans la fraternité. « C’est scandaleux de voir autant de policiers déployés pour réprimer l’action de centaines de personnes qui ne voulaient rien d’autre que marquer une date symbolique dans l’histoire de la revendication identitaire. Jamais, dans les annales de la région, une marche du 20 avril n’ait été empêchée. Qui a donné l’ordre de le faire ? », clame-t-il d’un air dégoutant puisque, selon lui, ce qui a « émaillé » la marche du 20 avril 2014 est regrettable dans le sens où la répression policière a donné lieu à des manipulations de tout genre.

«  Il n’ ya rien  à Tizi ? C’est calme ? »

 

Notre interlocuteur parle des infiltrations qui peuvent s’opérer dans les rangs des manifestants pour s’adonner à des actes de pillage. Il cite, en somme, la mise à sac, lundi dernier, de l’agence de Mobilis où de la marchandise a été dérobée. « Ce ne sont pas les marcheurs qui ont  volés. Ce sont des gens qui n’ont rien avoir avec la revendication identitaire », insiste-t-il.  D’autres jeunes ayant participé à la marche parlent « d’intrus » qui voulaient utiliser la situation « pour régler  leurs compte avec le directoire de campagne de Bouteflika qui ne les a pas payé pour service rendu avant l’élection ».

emeutes de tizi-ouzouLa situation est de plus en plus tendue dans la ville de Tizi-Ouzou où les citoyens attendent, à chaque fois, l’éclatement des émeutes. «  Il n’ ya rien  à Tizi ? C’est calme ? », demande un citoyen de Larbaâ Nath Iratene qui nous a joint au téléphone. « Je dois prendre chez le médecin, mais j’ai peur que la ville soit fermée en raison des émeutes », nous a-t-il expliqué.

Dans la capitale du Djurdjura, les  discussions, dans les cafés surtout, tournent généralement autour  de la vidéo qui a défrayé la chronique. « C’est lamentable ce qui s’est passé. Nous l’avons vu dans la vidéo postée sur internet. Un jeune est trainé par terre par des policiers, comme un mouton. Aucune considération à l’être humain », s’indignent des riverains qui nous informent que 14 manifestants ont comparu devant le juge d’instruction. Il y avait parmi eux des étudiants.

Forte appréhension

 

« J’ai été arrêté par des agents de police en civil alors que j’étais en train de prendre des photos et des vidéos au centre-ville, j’ai été gardé en détention  pendant 2 jours », nous a confié un jeune de Beni Zmenzer, sur les hauteurs de Tizi-Ouzou.

Une autre marche est prévue pour 27 avril en cours, à l’appel du MAK, Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, qui exhorte les citoyens à venir massivement prendre part à cette nouvelle manifestation qui est, selon ses initiateurs, une forme de dénonciation de la brutalité policière à l’égard des citoyens.  Cette marche sera-t-elle « tolérée » ? C’est, en somme, la principale question qui ne cesse de se poser les citoyens à Tizi-ouzou où la population a aussi la tête braquée sur ce qui se passe  dans les régions de la Haute Kabylie. 

Iboudrarène après le carnage

 

La psychose gagne les villageois dans la commune d’Iboudrarène après le carnage perpétré par les groupes armés, samedi, lors que 11 militaires ont été assassinés dans une embuscade meurtrière des terroristes. 

Les informations qui proviennent de cette commune perchée sur les monts de Djurdjura font souvent état d’une présence impressionnante de militaires dans la région où une intense opération de recherche est en cours.  Des militants politiques estiment que la Kabylie vit un après 17 avril « chaud».

«Dans les villages, on est entre le marteau  en l’enclume. On est exposé à la violence terroriste et en ville, on vit une situation de tension qui peut dégénérer à n’importe quel moment. On craint des débordements, surtout avec la marche de dimanche. Que les pouvoirs publics tolèrent cette action pour en finir avec le climat d’émeute. Il y a risque de réédition du scenario que 2001 », lance un homme, la cinquantaine, enseignant de son état. Il estime que la région a sacrifié beaucoup de ses enfants durant la guerre de libération, la décennie noire du terrorisme et lors des événements sanglants de Kabylie, en 2001. 

                                                                                                                            Djamel. K



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