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Court-circuit Par Slimane Laouari

colère sur main courante


25 Mai 2014 | 17:04
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Hier en fin d’après midi au stade d’El Eulma, le dernier match du championnat national de football. Une rencontre sans enjeu et surtout désespérante d’ennui entre le club local et le Mouloudia d’Alger. Sur une pelouse bosselée à n’en plus pouvoir, vingt deux joueurs en vacances faisaient semblant de jouer au foot alors que tout le monde sait qu’ils étaient en train de se payer nos têtes. Sur Canal Algérie, il y avait même un commentateur et un « consultant » qui, à partir d’un studio du Boulevard des Martyrs s’égosillaient à nous faire croire que la pelouse en question était l’une des… meilleures

d’Algérie. Mieux-ou pire, il arrive que ce soit la même chose-, ils avaient même le culot de se passionner. Tout le monde faisait semblant de faire quelque chose, comme dans un mime truqué où les spectateurs ont le scénario et la mise en scène sous les yeux. Pourquoi regarder alors ? Eh, bien, par ennui ou par désespoir. A moins que ce ne soit les deux. On jouait la vingtième minute. Enfin, jouer est une façon de parler et il n’y avait personne pour regarder le temps sur le  tableau électronique, puisqu’on avait déjà du mal à regarder ce qui se passait sur le terrain. Mais à cette fameuse vingtième minute, de jeu ou de simulacre, il s’est quand même passé quelque chose d’intéressant. Un moment presque spectaculaire miraculeusement arraché à quatre vingt dix minutes chrono d’envies de suicide : les joueurs des deux équipes, dans un mouvement visiblement concerté et programmé, arrêtent de taper dans le ballon et se rassemblent sur un pan du terrain, les mains appelant les bouteilles d’eau, les bouches plus ou moins souriantes et le regard allant de  l’embarras au vide expressif. De longues minutes, cinq exactement de « débrayage on live par lesquelles les footballeurs « professionnels algériens comptaient protester contre la décision de la fédération de plafonner les salaires à 120 millions de centimes mensuels. Et, ratage monumental, là où l’ENTV aurait du sauver son « spectacle », elle a choisi grossièrement de sauver… sa peau. Enfin, sa peau ou sa vocation. Il ne fallait surtout pas que le téléspectateur se fasse quelque illusion. Même en direct, le réalisateur a trouvé le moyen d’envoyer les caméras dans le décor et d’improviser quelques « replays » à gerber ses tripes. Pendant ce temps, le commentateur et son consultant ergotaient sur le « règlement » en pareils cas et disaient tout leur bonheur d’avoir deviné que l’arbitre allait infliger un « carton » aux deux capitaines. Pour le reste, circulez, il n’y a rien à voir. L’ENTV qui n’a jamais parlé d’une contestation sinon pour dire que telle ou telle grève a été interdite par la « justice » ne va quand même pas s’y mettre. Même quand il s’agit de « pieds de chèvres » outragées d’être payés plus de dix fois plus que des professeurs en médecine. Nous revient alors la sortie d’un homme politique à la fin des années 90 : « ils lâcheront le ministère de la défense et ils ne lâcheront pas la télé ». On en est toujours là,  plus de quinze ans après.



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