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19 ans après son introduction dans les écoles

L’enseignement de Tamazight en recule


El Hachemi Assad, nouveau secrétaire général du haut commissariat à l’amazighité

21 Juin 2014 | 10:06
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Introduit de manière facultative depuis 1995, après la « grève du cartable », le boycott scolaire en Kabylie, l’enseignement de tamazight bute toujours à des problèmes pour sa généralisation dans les écoles. Notons que cette langue est enseignée seulement trois où quatre wilayas avec un nombre très réduit d’élèves, et ce, en raison, entre autres, du caractère facultatif.


Auteur : DJamel K


A titre d’exemple, hormis 25% des candidats ont passé l’épreuve de tamazight, cette année, au BAC dans la wilaya de Tizi-ouzou. Le HCA, haut commissariat à l’amazighité, a souvent dressé un tableau sombre sur l’enseignement de la langue amazight qu’il juge en nette recul. « Le caractère facultatif de l’enseignement de tamazignt, l’absence de formateurs, le préalable de demande sociale exigée par le ministère de l’Education nationale et les horaires inconvenables sont les principales causes de la régression de l’enseignement de tamazight.

Si on veut pérenniser la langue tamazight au même titre que la langue arabe qui avait retrouvé sa place, il faut que l’Etat prenne en charge cette langue » a expliqué Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA lors de son allocution, dernièrement, à l’occasion d’un colloque international sur les medias et tamazight organisé dans la ville d’Azazga, wilaya de Tizi-ouzou.

 

Très peu d’études

 

Par ailleurs, sur le plan technique, Malika Sabri du département de langue et culture amazighes de Tizi-ouzou a souligné, dans la revue trimestrielle Campus de l’université Mouloud Mammeri, que « nombreux sont ceux qui croient qu’il est facile d’enseigner la langue maternelle à des enfants qui en ont une certaine maîtrise du moins à l’oral et qui, à l’âge de 6 ans, possèdent déjà une compétence linguistique, voire un bagage, qui leur permet de communiquer avec les autres.

A cet effet, les didacticiens devront tenir compte de cette compétence afin d’éviter à l’enfant d’apprendre ce qu’il sait déjà. Il ne faut pas, non plus, qu’il soit mis dans une situation d’apprentissage d’une langue maternelle que même sa mère ne comprend pas, qui n’est véhiculé par aucun usage réel et dont des néologismes sont marquants.

A partir de ce constat et en partant du fait que c’est par l’enseignement et le travail que les langues sont valorisées, et que l’enseignement de tamazight comme langue ne peut survivre dans l’oralité. Selon elle, les études qui ont été faites sur l’acquisition de la langue maternelle tamazight ne sont pas très nombreuses, mais celles qui ont touché au parler kabyle ont montré que d’une manière générale, l’enfant avant sa scolarisation dispose d’une syntaxe et d’un vocabulaire importants qui lui permettent de communiquer avec les autres membres des milieux familial et social.

 

Une bonne formation est nécessaire

 

Aussi, mettre l’enfant en contact avec la langue maternelle mais dans un autre contexte qui est l’école nécessite une longue réflexion et la participation de tous les spécialistes afin d’assurer une continuité à son apprentissage. La même intervenante estime aussi que cette tâche n’est pas aussi simple car l’enseignement, à ce niveau, réclame des outils pédagogiques, une formation didactique, des connaissances en psychologie de l’enfant et un programme dans lequel l’enfant sera impliqué. « Il faut savoir que ce n’est pas parce que la langue apprise par l’enfant est celle de ses parents et du milieu social où il vit qu’il faut croire que le mécanisme d’apprentissage se résumerait à une simple reproduction.

L’école est un autre facteur de socialisation qui accueille l’enfant pour lui apprendre une deuxième forme de communication qui est le code écrit tout en renforçant l’oral. Et de ce fait, le processus de scolarisation devrait être un moyen bénéfique pour la vitalité de sa langue », a-t-elle relevé avant de d’ajouter que « le rapport de l’enfant avec sa langue maternelle, la valorisation ou non de cette langue par la famille, sa valorisation ou sa minoration par la société…sont des facteurs qui jouent un rôle important dans son apprentissage ».

De même, « une bonne formation didactique et psychopédagogique doit être assurée aux enseignants qui sont l’autre versant du continuum de l’utilisation de tamazight dans le cadre de son enseignement».



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