« J’entends dire que le pouvoir dialogue avec lui-même. C’est faux !», déclare le chef de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia, lors d’une conférence de presse animée, vendredi dernier à Alger. Pour appuyer sa croyance que les consultations sur la révision constitutionnelle sont une réussite, il affirme qu’au moins « 10 partis d’opposition, dont leur doyen le FFS, ont répondu favorablement à son invitation ».

Certes, le FFS s’est rendu au siège de la présidence, mais pas pour fournir des propositions sur la révision de la constitution. Mais en dehors de ce parti qui assume entièrement son statut d’opposant, aucun autre parti représentatif n’a accepté de participer à ce qu’ils qualifient « de monologue ».

En effet, les arguments d’Ahmed Ouyahia sont vite démentis par les faits. Les 24 jours de consultations ont ressemblé à un défilé des responsables du pouvoir et de sa clientèle. En attendant de boucler la boucle avec la réception des chefs du FLN, du RND, de TAJ et du MPA, Ahmed Ouyahia a vu défiler devant sa commission que des responsables des organisations satellites du pouvoir ; des cadres du FLN, du RND et des fonctionnaires nommés par décret présidentiel.

Il y a d’abord le président de la commission nationale pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini qui est une structure dépendant de la présidence de la république. Le secrétaire général de l’organisation des Moudjahidine, Saïd Abadou qui est un cadre du RND, le premier responsable des scouts musulmans algériens, Noureddine Benbrahem, également cadre du RND et la présidente de l’association des victimes de terrorisme, Mme Flici, cadre du RND.

Du côté des organisations affiliées au FLN, il y a le secrétaire général de l’ONEC, Tayeb Lahouari, membre du comité central du FLN, le président de l’UNEA, une organisation estudiantine affiliée au FLN. Ce parti compte également des cadres dissidents qui ont lancé leurs propres formations politiques, à l’image de Abdelaziz Belaïd, président du front El Moustakbel.

L’anecdotique rencontre Ouyahia- Nouria Hafsi         

Le directeur de cabinet de la présidence ne s’est pas contenté de cela. Il n’a pas manqué de recevoir des membres du tiers présidentiels au Sénat. En plus du président du groupe, Ahmed Ouyahia a invité pour des consultations la moudjahida, Zohra Drif Bitat et Mohand Akli Benyounès, dit Daniel.

La famille Benyounès aura, en effet, la part du lion lors de ces consultations. Le trio, Mohand Akli, Amara et Idir seront tous consultés, sous des casquettes différentes. En plus du premier cité, Idir Benyounès, directeur de publication d’un journal a pris part à ce casting sous la casquette du syndicat national des journalistes (SNJ).

Quant à Amara Benyounès, il sera reçu en tant que président du MPA. Ce n’est pas tout. En terme de rencontre anecdotique, il y a celle qui a eu lieu hier, entre l’ex-secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia et la secrétaire générale de l’union nationale des femmes algériennes (UNFA), Nouria Hafsi.

Cette dernière était la fervente opposante à Ahmed Ouyahia et un des meneurs de la fronde qui la poussé à la démission en 2013. Comme la politique en Algérie n’a pas de principe, Ahmed Ouyahia lui adresse l’invitation et Nouria Hafsi n’est empressée de l’accepter…pour la bonne cause : gonfler le chiffre des participants à ces consultations pour une constitution qui risque de ne pas être consensuelle.