Reportage
Dans la fièvre du jeudi soir

Le rêve s’arrête-t-il donc là ? La réponse est « objectivement » positive, relève de nombreux jeunes que nous avons croisés dans le feu de la célébration de l’événement « historique ». Mais ce serait tirer des conclusions hâtives, sachant que le foot n’a et ne sera jamais une science exact.
Auteur : Mourad Sid Ali
La qualification au second tour du mondial brésilien suffit au bonheur des Algériens. En tout cas, ceux abordés par yagool, au plus fort de la fête de la victoire, disent être comblés. « Ils ont fait ce qu’on attendait d’eux. Ils peuvent se déclarer forfait face aux Allemands et rentrer au pays pour faire une méga-fête », plaisante, Sid Ali, comme pour signifier que le prochain match n’a aucune valeur à ses yeux. Ce n’est que du bonus.
L’essentiel pour ce jeune fan des Verts, c’est le cap du premier tour passé. Sid Ali, la vingtaine, est vite corrigé par un autre supporter des Verts, plus que quarantenaire qui lui rappelle que l’Algérie et l’Allemagne dans l’histoire du mondial, c’est une histoire de tricherie. « Je n’oublierai jamais le coup qu’ils nous ont fait lors du Mondial de 1982. N’était-ce le match qu’ils ont arrangé avec les Autrichiens, on aurait été le premier pays arabe et africain à passer au second tour », explique Mohamed qui estime aujourd’hui nécessaire de redresser le tort causé par les Allemands en les battant en huitième de finale.
C’est fait, ils peuvent rentrer
Mais ce temps est tellement loin, (plus de 32 ans) qu’il serait difficile de convaincre la jeune génération de s’accrocher à cette « revanche ». Pour la grande majorité des supporters qui ont défilé, hier, à Alger et aux quatre coins du pays et du monde, il n’y aura aucun mal à ce que les Verts quittent l’aventure face aux Allemands. « Ils sont très puissants. C’est une véritable machine à gagner des matchs. Ils ont été formatés pour remporter le tournoi. Ce n’est pas de chance d’être tombé sur eux. Mais l’expérience de jouer face à pareil géant en huitième de final est une excellente chose pour nos joueurs. Ils sont jeunes. Ils reviendront en 2018, encore plus fort », pronostique un supporter, vraisemblablement connaisseur en matière de football.
Le rêve s’arrête-t-il donc là ? La réponse est « objectivement » positive, relève de nombreux fans que nous avons croisés dans le feu de la célébration de l’événement « historique ». Mais ce serait tirer des conclusions hâtives, sachant que le foot n’a et ne sera jamais une science exact. C’est d’ailleurs, l’une des raisons qui fait son charme et qui séduit de plus en plus de femmes. Parmi celles qui avaient assidument suivi le match d’hier, beaucoup refusent cesser de rêver. « Nous irons en quart de finale et même en finale !», affirme Meriam, la trentaine entamée, au volant de sa petite voiture.
L’Allemagne, la France et le Brésil réunis
Meriam a décidé de fêter la victoire « en famille et dans la rue » pour montrer que le football n’est pas une histoire d’hommes seulement, mais de toute la société. « Ce sport réuni tous les Algériens. Par ce biais on exprime notre attachement à la nation et à nos racines », s’exclame-t-elle, non sans faire remarquer que dans toutes les chansons à la gloire des Verts, « le patriotisme est très présent ». Ceci pour l’aspect « politique » de la chose.
Sportivement, Meriam croit dur comme fer, qu’il n’existe aucune nation meilleure que d’autre en football, lorsqu’on a la rage de vaincre. Elle ne s’empêchera pas de mêler un peu de politique à son discours : « qui avait parié sur l’indépendance du pays en novembre 54 ? Mais comme le peuple y croyait, nous avons vaincu la France ». Aujourd’hui, Meriam est convaincue que « les Verts peuvent battre, l’Allemagne, la France et le Brésil ». Elle nous dit cela avec le sourire. Notre réponse : « c’est tout le mal qu’on souhaite aux Fennecs ».