Pour l’ancien chef de gouvernement, la bourrasque qui souffle actuellement chez nous voisins, risque à terme d’emporter l’Algérie dans son sillage. «  Il ne faut pas croire que nous sommes à l’abris  des bouleversements qui se déroulent à nos frontières », a avertit Mouloud Hamrouche  à l’hôtel Itour de  Tizi Ouzou ou il a animé une conférence devant un parterre de journalistes locaux et des militants de droits de l’homme.

 L’homme des réformes n’a  pas été tendre avec les dirigeants du pays qui, selon lui, naviguent à vue et risquent à terme de mener l’Algérie vers un récif dangereux. « Nous avons l’impression qu’on n’a pas  de cap. Nous doutons de notre identité formée essentiellement de négations » regrettera-t-il.  Cependant, l’hôte de Tizi-Ouzou propre des solutions à même d’éloigner l’Algérie de la dérive.

La première des ses solutions consiste d’abord à redonner toute sa place à la justice. « La justice fonctionnait mieux dans les années 60 et 70 qu’après la crise d’octobre. Aujourd’hui elle est rendue dans les cafés, non dans les tribunaux », regret-il encore. L’autre urgence à régler aux yeux de M Hamrouche est l’administration.  « Il faut libérer l’administration qui obéit non pas à l’Etat mais à la mafia ». Terrible aveu d'un ancien dirigeant du pays!

Pour illustrer cette situation, il rappelle son passage à la chefferie du gouvernement. « Lorsque j’étais chef de gouvernement, j’ai été obligé d’organiser des élections locales. J’étais loin de la réalité. J’ai découvert qu’on n’avait pas une administration », avoue-t-il. La conférence de Tizi Ouzou intervient quinze jours après une autre animée à la maison de la culture Abdallah Ben Keriou de Laghouat à l’initiative d’enseignants universitaires.

Il est vrai que ces sorties de M Hamrouche ne drainent pas de foules. Tel n’est pas le but puisque qu’elles s’adressent généralement à une élite. En revanche, elles ont un retentissement médiatique sans égal. L’Algérie est-elle plus menacée que durant la décennie noire quand les services de sécurité affrontaient 30 000 terroristes armés au maquis et les caisses de l’Etat pratiquement vide ?

Qu’est ce qui fait  donc courir Hamrouche qui sort brusquement de son « hermitage » ayant duré près 20 ans ?