Il est un aspect qui semble particulièrement bien accueilli par l’ensemble des associations qui lutte contre cette infamie : les lourdes peines qui devraient dorénavant faire réfléchir ces pseudos-durs qui s’en prennent à des femmes sans défenses.

"Le projet de loi relatif à la violence faite aux femmes prévoit des peines plus lourdes contre tous ceux qui recourent à la violence corporelle contre les femmes notamment en présence d'enfants mineurs", indiquait à ce propos hier lundi, le ministre de la Justice, garde des sceaux, Tayeb Louh, en marge d'une rencontre autour de la numérisation du dossier judiciaire et de la jurisprudence à la Cour suprême. 

Qualifiant le projet de loi de "très important", M. Louh a fait savoir que le texte approuvé récemment en Conseil de gouvernement, "n'est pas contraire aux traditions de la société algériennes en matière de promotion des droits de la femme et de l'enfant et d'éradication de la discrimination".

Plus de 7000 femmes victimes de violences en 2013

Pour ne citer que les neufs premiers mois de l’année écoulée (2013), plus de 7 000 femmes ont été victimes de violence à l'échelle nationale, selon des données fournies par les services de la Police judiciaire de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Soit prés de 25 actes de violences par jour ! “Au total, 7 010 femmes ont déposé plainte pour violence durant les neuf premiers mois de 2013, dont 5 034 victimes de violences physiques”, a indiqué à l'APS la commissaire divisionnaire, Mme Kheira Messaoudène, chargée du bureau national de la protection de l'enfance, de la délinquance juvénile et de la protection de la femme victime de violence, à la direction de la Police judiciaire.

En début de cette année, le cas atroce d’une femme d’une quarantaine d’années enterrée vivante par « un membre de sa famille », selon certaines sources, avait défrayé la chronique. Cela s’est passé à moins de 70 kilomètres d’Alger, dans la région de Bordj Menaiel. Le « valeureux », explique qu’il avait agis ainsi « pour la punir »…

 Et celles qui soufrent en silence ?

Même si l’on peut considérer que s’il n’y avait qu’une seule femme battue, ce serait une femme de trop, il reste que les chiffres avancés par les services de la police judiciaire sont loin de refléter la réalité du phénomène. Combien en effet, sont-elles à souffrir en silence et qui ne sont pas comptabilisées dans les diverses statistiques sur le sujet ? Combien sont-elles à ne pas pouvoir, ne pas oser, se manifester ?

Du reste, depuis plusieurs années déjà, des femmes, des experts et autres acteurs de la société civile n’ont eu de cesse de faire le constat du vide juridique qui favorise largement l’existence de ce phénomène difficilement qualifiable, mais surtout loin de toutes les valeurs de l’homme algérien. «Tant que la loi ne punira pas sévèrement l’acte de violence contre les femmes, rien ne changera.

Souvent ceux qui pratiquent cette violence sont les premiers à avoir la larme facile devant le juge. Et très souvent ce dernier propose une réconciliation à l’amiable qui ne laisse d’autres choix à la femme que d’accepter les excuses au risque de passer pour la méchante devant le reste de la société, toute la société», nous livre Katia, une militante associative.