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Cyber-café #1

La plage de tous les combats


20 Août 2014 | 17:33
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Intolérance, tabous, abus… Aller à la plage en Algérie peut devenir risqué et le sujet fait des vagues sur la toile.


Auteur : Réda Boudoumi


Les photos ont fait le tour de la toile DZ : un jeune homme portant les traces de son passage à tabac à Jijel pour avoir tout simplement rejoint, torse nu, sa voiture garée devant la plage torse nu. Faredj Hechiche, ce jeune donc, raconte dans le détail sa mésaventure : un homme - qui habite à côté de la plage - qui le frappe à coups de poing et à l’aide d’une barre de fer. Aidé par ses fils et des voisins, il parvient à s’en sortir. « Dieu merci je suis encore en vie », conclut Faredj qui jure de ne plus remettre les pieds à Jijel.

 

L’information une fois relayée sur Facebook, les commentateurs se déchaînent : certains parlent de « lynchage ». D’autres sont complétement désillusionnés, comme Sofia qui conseille carrément de ne plus envisager la destination Algérie : « Aller en Sardaigne et y passer ses vacances coûte franchement moins cher que se faire insulter sur une plage à Alger ou avoir le cœur déchiré de voir les plages bougiottes, d'ailleurs envahies par des sacs poubelle ». Enfin, d’autres veulent encore croire que ce n’est qu’un acte isolé, à l’instar de Rafik qui conseille au jeune Faredj de ne pas se laisser aller à la colère anti-jijélienne : « Il faut retourner à Jijel, ne serait-ce que pour rendre hommage à ceux qui ne leur ressemblent pas. Jijel n'appartient pas à ces tarés. Elle appartient à toute l'Algérie et à toute l'humanité ». Sur la toile DZ, on se demande aussi si il n’y a pas de lien entre cet incident et la campagne « anti-torse nu » lancée par plusieurs page facebook depuis quelques semaines, car il existe, à en croire le site Jijel Info un réel ras-le-bol des riverains des plages algériennes, justifié ou pas, contre les estivants. Les auteurs d’une page facebook se demandaient récemment, en postant la photo de deux jeunes en bermuda aux abords d’une plage, si « circuler en maillot de bain n’est plus une infraction ? ». Et de préciser : la « municipalité de Barcelone punira désormais d’amendes allant jusqu’à 500 euros ceux qui se promènent en ville en maillot de bain ».

Mais la belle côte algérienne n’est pas Barcelone : à Chetaïbi et entre Béjaïa et jijel, les habitants ont chassé des vacanciers selon eux responsables d’accidents de la route et d’autres « fléaux ». Sur les plages, des parkingueurs imposent leur loi. Un groupe de jeunes femmes a peu de chance de passer des moments tranquilles pour profiter de la mer, etc. Nos plages, depuis une campagne « bikini-séisme », prétextant une relation de cause à effet entre maillot de bain et sismologie, sont devenus le point de fixation de nos tabous et nos frustrations, de nos colères et de notre refus de vivre ensemble. Au point que des facebookers algériens ont donné raison à la colère de l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano, « choquée » de croiser une femme voilée... sur une plage française.

Heureusement que de tout cela, le blog satirique algérien Abucalypse en tire une bonne blague : une adepte du bikini présente ses excuses aux Algérois pour avoir provoqué le dernier tremblement de terre !

 



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