Court-circuit
Les Algériens
Slimane Laouari laouarisliman@gmail.com
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L’Algérien fait la queue à la poste et quand c’est trop long, quand il n’y a plus d’argent à la caisse ou quand il y a une panne de réseau, il est capable de râler. L’Algérien ne râle jamais pour exiger une carte de crédit ou la possibilité de régler ses achats par chèque comme au Bangladesh ou en Mauritanie. L’Algérien pousse les colères qu’on veut bien qu’il pousse, parce qu’elles installent chaque jour un peu plus confortablement ses gouvernants sur le trône. Les gouvernants ont des solutions à toutes les difficultés factices et des réponses à toutes les questions que personne ne leur pose. Que personne ne devrait leur poser. L’Algérien ne mange pas de viande pendant onze mois parce qu’il n’en a pas les moyens. Il s’énerve quand même que le prix du gogot augmente pendant le ramadhan. Les gouvernants viennent lui dire alors que ça ne va pas augmenter, il rentre de suite à la maison, content d’avoir gagné une bataille qu’il n’a pas livrée. Il a seulement inventé un problème fictif à la solution imaginaire de ses dirigeants. Il ne mangera pas plus de viande. Ou il en mangera quand même, non pas parce que la viande est devenue moins cher mais parce que pendant le ramadhan, tout le monde est riche parce que tout le monde peut vendre ses meubles. L’Algérien est au chômage mais ne demande pas de travail. Il demande sa part de pétrole parce que l’Etat inculte, sans imagination et sans effort n’a que des prêts sans remboursement à lui proposer. Ça tombe bien, il n’a aucune intention de travailler. Quand l’Algérien boude l’ENTV, c’est pour regarder Ennahar TV. Et quand il dit qu’il est berbère, c’est pour dire qu’il n’est pas kabyle. Des kabyles veulent l’autonomie sans nous dire si c’est pour battre les femmes tranquillement en famille. Les Algériens ne font pas grand-chose pour se libérer mais ils veulent libérer la Palestine. Ça tombe bien, leurs dirigeants aussi, à coups de vociférations. Les Algériens sont racistes envers les maliens, les ouarglis et les mozabites mais ne supportent pas le racisme des français envers d’autres français. Les Algériens se mêlent de tout, sauf de ce qui les regarde. Les gouvernants savent ça et entretiennent leurs « colères ». Fausses comme leurs solutions, fausses comme leurs réponses. Il faut poser de vrais problèmes, pour espérer de vraies solutions. Les Algériens ont peur des balles en caoutchouc. Ça tombe bien, les gouvernants ne veulent pas se tirer une balle dans le pied.
