Entretien avec Rachid HITOUCHE, animateur militant du MCB
« On ne peut venir à bout d'un mouvement né de la base populaire »
Il est l’un des animateurs les plus en vu du mouvement culturel Berbère de Bejaia. Rachid Hitouche. Ecrit et milite pour les causes justes. Écrivain chroniqueur, Il s’invite dans la lutte pour l’officialisation de la langue Amazigh et fait du MCB, tout comme ses camarades, le moyen d’y parvenir le plus efficace. Dans cet entretien nous aborderons de nombreuses questions que l’opinion locale et nationale se pose en cette période charnière que vit la nation algérienne.
Auteur : Salim S.
 Yagool : Le MCB, qu'on croyait perdu dans les méandres de la politique et des divisions renaît de ses cendres, pouvez vous nous expliquer comment ?
Rachid HITOUCHE: On ne peut venir à bout d'un mouvement né de la base populaire. Grâce à ses racines, l'arbre se régénère toujours. Le MCB renait en raison de la profondeur de ses racines et tant mieux pour nous. La jeunesse se reconnait pleinement dans le MCB, je ne vois pas de quel droit, quiconque puisse leur interdire de s'identifier.
Â
Qu'est ce qui motive réellement votre retour sur la scène politique?      Â
Malgré la désertion non officielle de certains de ses militants l'ombre, le MCB a toujours été de tous les débats. Son retour à ce moment précis est en rapport avec la révision de la Constitution. Le MCB est donc là pour, une fois de plus, mettre en garde le pouvoir devant une énième injustice à l’encontre de Tamazighth. Sachant que lui même propose l’instauration d’une loi relative à la paix et à la réconciliation Nationale, nous lui rappelons donc la proposition de paix et de réconciliation ne saurait être sans l'officialisation et l’institutionnalisation de l'identité et la langue Amazighe et que si le déni identitaire n’est pas levé, le climat déjà bien précaire s’aggravera davantage. Il y a un véritable risque de dérive. Les extrémismes naissent, quand le pouvoir en place opprime sans retenue et procède à des négations que seul lui voit nécessaires.
Â
Certains observateurs pensent que le MCB est réactivé par le DRS pour contrecarrer la poussée des autonomistes (le MAK). Qu'en pense M. Rachid Hitouche ?
C’est une manie qui fait que dés qu'il y a une prise de conscience, on entend dire que cela est venu pour contrecarrer l'autre. C’est complètement faux, et nous avons du respect pour nos amis du MAK, lesquels je salue au passage. Je souhaite bien plus à l'avenir, un rapprochement entre toutes les forces vives, afin exactement d'unir nos forces et aller de l'avant. En ce qui me concerne, s'il y a lieu de parler de création, je dirais que je suis créé par Dieu avec mon identité Amazighe et je lutte pour que celle -ci soit reconnue dans son propre pays.
Que répondez-vous au premier ministre qui conditionne l'officialisation de Tamazight à l'élimination des considérations techniques?
Â
A moins que je ne me trompe, il y a incompatibilité avec sa fonction. M. Sellal, de par sa fonction de Premier ministre, exécute un programme. Le mieux qu’il pisse faire est donc de pousser à officialiser cette langue au même titre que l'arabe. Toutes conditions techniques sont du domaine des techniciens concernés par la langue elle-même. L’Algérie en dispose et ils sont capables de la prendre en charge.
Rappelons-nous les années où pour arabiser le peuple Algérien, le pouvoir était allé chercher des cordonniers en Arabie. Nos professeurs sont bien de chez nous et sortis des universités Algériennes. Que Monsieur Sellal soit donc rassuré. Nous n’avons pas besoin de coopérants, nous avons les nôtres. Le problème  de tamazight est son officialisation, du moment que Sellal dit qu’il n y a pas de problème de ce côté là , alors nous lui recommandons de l'officialiser le reste ne dépendra pas de lui.
Au de là du 14 juin, jour où vous comptez organiser un rassemblement à Bejaia, Qu'envisagez-vous à l'avenir ?
 Le 14 juin est une date noire dans la mémoire de tout un chacun. Ce rassemblement aura lieu pour rendre un vibrant hommage a nos jeunes militants morts pour que vive Tamazight. D'autre part, il s’agit d’unir tous les amazigh autour de leur existence qui est plus que jamais menacée. Au-delà du 14 juin, le MCB ne se mettra en retraite qu'après avoir réaliser toutes les aspirations du peuple duquel il est issu.
Jusque là , rien n’est encore tranché. Nous restons donc vigilants et plus que jamais déterminés à aller au bout de notre combat, celui de faire valoir les droits à notre identité amazighe, opprimée dans son propre pays.
Nous donnons le temps à nos frères pour réunir les conditions nécessaires, qui sont spécifiques à chaque région. Ce n’est pas toujours faciles et nous les comprenons et les encourageons. Un combat noble mérite un sacrifice, je crois que la chose iront du bon côté pour une prise de conscience nationale et populaire, car à présent, la carte du pouvoir a payé pour nous diviser. Mais elle n’est plus d'actualité. L’Algérien comprend plus et mieux de nos jours.
Votre dernier mot?
Au nom du MCB, j'appelle tous ceux et celles qui aspirent à vivre pleinement leur identité à venir en nombre et nombreuses Samedi 14 juin devant la placette Said Mekbel à Bejaia à 11h00.