Brahimi parle de l’Irak
« Nous n'avons pas le droit d'être surpris »
L'ancien émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a estimé dans un entretien à l'AFP que l'offensive jihadiste en Irak résultait de l'inertie de la communauté internationale face au conflit qui fait rage en Syrie voisine depuis 2011.
Auteur : Iles Sad
"C'est une règle bien connue: un conflit de ce genre (en Syrie) ne peut pas rester enfermé dans les frontières d'un seul pays. Malheureusement on a négligé le problème syrien et on n'a pas aidé à le résoudre. Voilà le résultat", a-t-il déclaré.
Pour cet ancien médiateur en Irak après l'invasion américano-britannique de 2003, la communauté internationale ne peut pas "être surprise" par l'offensive jihadiste menée en Irak par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), également l'une des forces les plus importantes en Syrie.
"Une personnalité irakienne m'a dit en novembre que l'EIIL était dix fois plus actif en Irak qu'en Syrie. J'ai mentionné cela au Conseil de Sécurité et dans mes entretiens", raconte ce diplomate chevronné.   Voisin de la Syrie, avec laquelle il partage une longue et poreuse frontière, "l'Irak a été comme une grosse blessure qui s'est infectée" avec le conflit syrien, souligne-t-il.
"Nous n'avons pas le droit d'être surpris car l'Irak ne s'est jamais vraiment remis de l'invasion américaine de 2003", analyse M. Brahimi. En avril 2004 j'avais dit à Bagdad que tous les ingrédients pour une guerre civile étaient présents (...)
En réalité une guerre civile a commencé dès que le régime de Saddam est tombé. Je ne défends pas le régime de Saddam, c'était un régime odieux qui devait tomber, mais la manière dont cela a été fait à travers une invasion n'avait aucune justification". Désormais, "l'action des jihadistes en Irak se fait avec en arrière-plan la guerre civile entre chiites et sunnites".