Acueil Commentaire Le pauvre arbitre


Conjoncture

Said Boucetta

Le pauvre arbitre


  Said Boucetta     said65dz@gmail.com

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La scène nationale vit une logique d’escalade vraisemblablement alimentée à dessein. La dernière sortie du président de la République sur la question de la «fitna» et autre printemps qu’on voudrait imposer en Algérie, est bien entendu spécifiquement orientée contre son principal adversaire dans la course à la magistrature suprême.

Faire des déclarations, coup sur coup, à 24 heures d’intervalle, sur un sujet aussi sensible que celui de la stabilité du pays suppose que la situation est réellement au bord de l’éclatement. Qu’un président fasse ce genre de déclarations, amène à penser qu’il a été destinataire d’informations précises sur un dispositif de «mutinerie» mis en place par les partisans du candidat Benflis. Les citoyens algériens ont fait cette lecture. On ne peut, en effet, prendre à la légère des propos présidentiels, dits dans un contexte aussi sensible.

Seulement voilà, ces mêmes propos ne sont pas assez fermes et semblent manquer d’assurance, pourrions-nous dire. Et pour cause, le chef de l’Etat reste dans le registre de la critique de «propos et comportements anti-démocratiques». Lorsqu’il aborde la «fitna», il use du mode interrogatif. Est-ce à dire que les services de sécurité n’ont rien décelé de sérieux et travaillent sur des faisceaux d’indices seulement ? A connaître l’efficacité «légendaire» de nos services de renseignement, cette hypothèse est difficile à prendre au sérieux. Il existe donc deux possibilités : ou les activistes de Barakat, ceux du front du boycott et les partisans de Benflis sont sur le point de faire basculer le pays dans une situation de chaos ou alors, ils n’en n’ont ni les moyens, ni l’intention. 

Dans le premier cas, les propos du chef de l’Etat sont en deçà de ce qu’attend de lui le peuple. Dans le second cas, on est tenté de croire que les deux sorties de Bouteflika sont celles d’un candidat qui entend jouer toutes ses cartes, quitte à faire peur aux Algériens en diabolisant son adversaire, pour gagner l’élection. On pourrait dire que la stratégie du président-candidat est de bonne guerre. Sauf que l’on est là aussi dans le registre du terrorisme politique.

Cela étant, il est clair que les répliques d’Ali Benflis et les allusions qu’il fait sur des lendemains chaotiques en cas de fraude (comprendre aussi en cas de défaite) ne sont pas pour tranquilliser les Algériens. Il y a quelque chose de très inquiétant dans le discours de l’ancien chef du gouvernement, lorsqu’il aborde la question de la fraude électorale.

Ne tournons pas autour du pot et affirmons-le franchement : Benflis, comme Bouteflika, veut d’abord et avant tout le pouvoir. Tous les deux sont prêts à tout pour l’avoir. Le seul petit problème, c’est qu’ils méprisent l’arbitre que prévoit la Constitution (le peuple).

Pour schématiser la situation, disons que l’Algérie est un ring où les pugilistes tapent tous les deux sur le pauvre arbitre.