Acueil Commentaire sacré gaz


Conjoncture

Said Boucetta

sacré gaz


  Said Boucetta     said65dz@gmail.com

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Le gaz de schiste fait courir nos politiques. Ils y ont trouvé matière à faire leur boulot, à savoir  se diviser en deux camps : les pour et les contre. Les premiers présentent l’exploitation de cette énergie non conventionnelle comme une nécessité absolue, sans laquelle l’Algérie hypothéquerait sa souveraineté. Les seconds réclament un débat et se posent, avant même que rien n’ait été dit sur le sujet, en farouches opposants à l’option.

Le chef de la majorité présidentielle et non moins Premier ministre croise le fer avec le chef de l’opposition, lui-même, ancien Chef du gouvernement. Les deux visions qui s’affrontent, affolent le Web algérien. Mais disons-le clairement, seulement le Web algérien. Mais bon, on va dire que la Toile et ses réseaux sociaux sont un canal d’expression comme un autre. D’ailleurs, c’est bien par ce biais que les chroniqueurs de Yagool clament « leurs » quatre vérités.

Cette parenthèse fermée, voyons ce qu’en dit Abdelmalek Sellal. L’homme affirme que la sécurité énergétique du pays est au prix de l’exploitation du gaz de schiste. Le Premier ministre donne l’impression de ne pas trop croire à ses promesses de diversification de l’économie nationale. En liant la souveraineté du pays à sa sécurité énergétique, Sellal oublie (ou fait semblant) que d’authentiques puissances économiques et donc souveraines sont totalement dépendantes de l’étranger pour leurs approvisionnements en énergie. Tous les Algériens connaissent ces pays. Les Sellal et ses ministres les citent en exemple.

En face, Ali Benflis prend le sujet au vol et mitraille le gouvernement de critiques. Selon lui, l’exploitation du gaz de schiste est la première des mauvaises décisions économiques du quatrième mandat. Mais ce que ne dit pas Benflis, c’est qu’à la place de Sellal, il aurait sans doute fait la même chose. Et pour cause, lorsqu’on est aux responsabilités, on perçoit les choses autrement. Et puisque Benflis a eu à occuper le poste de responsable de l’exécutif, il sait bien qu’à ce niveau, on ne rigole pas avec la sécurité énergétique. En fait, l’ancien chef de gouvernement ne s’oppose pas à l’exploitation du gaz de schiste parce qu’elle est nuisible à l’environnement, mais simplement parce que c’est tendance de dire non à tout ce que fait le pouvoir.

Bref, l’un et l’autre disent une partie de la vérité et tous deux occultent une donne essentielle, à savoir qu’en ces temps de mondialisation, les richesses souterraines d’un pays ne sont plus la propriété exclusive du peuple qui y vit. Imaginez donc qu’en 2050, les grands de ce monde ne parviennent pas à trouver un substitut à l’énergie fossile. Vous pensez qu’ils vont se gêner pour aller pomper notre gaz de schiste ?

Alors, il vaut mieux se préparer au pire. C’est peut être cela le fond du message de Sellal. Car en définitif, lorsqu’on possède les troisièmes réserves de la planète, on a une vraie responsabilité. Et lorsqu’il s’agit d’énergie, il n’y a pas de place à la rigolade. Le partage ou la guerre. Les USA le disent assez souvent et dans toutes les langues, pour qu’on fasse mine n’avoir rien entendu.