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De très lourdes charges pèsent sur l’ancien chef de l’Etat français

Sarkozy, un président corrompu ?


02 Juillet 2014 | 12:01
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A l'origine de l'affaire qui vaut ses nouveaux déboires à Nicolas Sarkozy, son placement sur écoutes en septembre 2013 dans l'enquête sur les accusations, pour l'heure non étayées, d'un financement par la Libye de Mouammar Kadhafi de sa campagne victorieuse de 2007.


Auteur : Iles Sad


L'ex-président français Nicolas Sarkozy a été mis en examen dans la nuit de mardi à mercredi pour trafic d'influence actif, corruption active et recel de violation de secret professionnel. Le tout à l'issue d'une garde à vue sans précédent pour un président de la Ve République en France. Arrivé à 23h40 au pôle financier dans un véhicule banalisé, il en est ressorti vers 02h00. "Il a été mis en examen sans contrôle judiciaire", indiquent des sources judiciaires.

Dans la soirée, son avocat, Me Thierry Herzog, et Gilbert Azibert, avocat général à la Cour de cassation, avaient été mis en examen pour les mêmes chefs d'accusation que l'ancien président. S'y ajoute pour Me Herzog celui de violation de secret professionnel. Nicolas Sarkozy, qui dit en être au stade de la "réflexion" quant à un éventuel retour en politique pour la présidentielle de 2017, s'est vu notifier sa mise en examen au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris par les juges d'instruction Patricia Simon et Claire Thépaut.

 

Une seconde mise en examen

Il s'agit de la seconde mise en examen pour l'ancien président UMP, qui a perdu l'immunité présidentielle dont il jouissait un mois après sa défaite de mai 2012. Nicolas Sarkozy avait été mis en examen en mars 2013 pour abus de faiblesse aux dépens de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt avant de bénéficier d'un non-lieu en octobre de la même année. L'information judiciaire qui lui vaut cette deuxième mise en examen a été ouverte le 26 février sur la base d'écoutes téléphoniques qui l'ont visé, lui et son entourage.

Les enquêteurs soupçonnent un réseau d'informateurs au sein de la justice et de la police d'avoir renseigné Nicolas Sarkozy sur les procédures judiciaires le visant. Les soupçons sont apparus en marge d'une enquête sur des accusations de financement libyen de sa campagne électorale en 2007, poussant la justice à placer deux téléphones utilisés par l'ex-chef de l'Etat sur écoute les 3 et 19 septembre 2013.

Ces interceptions auraient révélé que Nicolas Sarkozy et son avocat étaient bien renseignés sur la procédure alors en cours à la Cour de cassation sur l'affaire des soupçons d'abus de faiblesse aux dépens de la milliardaire Liliane Bettencourt. Dans une virulente tribune publiée le 20 mars dernier dans Le Figaro, Nicolas Sarkozy dénonçait des écoutes dignes de la Stasi, la police politique de l'ex-Allemagne de l'Est. "Des principes sacrés de notre République sont foulés aux pieds avec une violence inédite et une absence de scrupule sans précédent", écrivait-il.

 

Les ténors de l’UMP quittent le navire

Ces développements judiciaires interviennent au moment où les rumeurs sur sa volonté de prendre à l'automne la tête du parti de droite UMP se font de plus en plus précises. Si quelques sarkozystes avaient dénoncé dans la journée son placement en garde à vue, aucun ténor de droite n'est monté au créneau pour le défendre. Dans cette procédure, trois autres personnes avaient été placées en garde à vue lundi: Me Thierry Herzog, Gilbert Azibert et un autre avocat général à la Cour de cassation, Patrick Sassoust, qui n'a toutefois pas été présenté aux juges.

 

Dossier libyen et financement de la campagne de 2012

A l'origine de l'affaire qui vaut ses nouveaux déboires à Nicolas Sarkozy, son placement sur écoutes en septembre 2013 dans l'enquête sur les accusations, pour l'heure non étayées, d'un financement par la Libye de Mouammar Kadhafi de sa campagne victorieuse de 2007. Dans ce dossier libyen, plusieurs de ses proches avaient d'abord été placés sur écoute: les anciens ministres Claude Guéant et Brice Hortefeux, mais aussi Michel Gaudin, ancien patron de la police nationale et ex-préfet de police de Paris.

Outre ce dossier, le parquet de Paris a confié à des juges financiers une enquête sur le financement de la campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy. Ses meetings semblent avoir été en grande partie financés par l'UMP afin de masquer un dépassement du plafond des dépenses de campagne autorisé par la loi.  

 

Quelques réactions

Le porte-parole du gouvernement, Stéphane le Foll, a assuré que la justice devait "aller jusqu'au bout", car Nicolas Sarkozy, "est désormais un justiciable comme les autres". Les réactions ont été mesurées au sein de la droite. Seul parmi les responsables de l'UMP Jean-Pierre Raffarin, membre de la direction provisoire du parti avec Alain Juppé et François Fillon, a appelé publiquement à la modération. Quelques proches de l'ancien chef de l'Etat ont dénoncé une instrumentalisation politique de l'affaire. "Jamais on n'aura affublé un ancien président d’un tel traitement, d’un tel déferlement de haine", a ainsi déclaré le maire UMP de Nice, Christian Estrosi.



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