Accueil Entretiens Interviews

Djilali Soufiane à Yagool

« L’opposition n’est pas un hospice pour ceux rejetés par le pouvoir »


02 Septembre 2014 | 08:39
shadow

Dans cet entretien, le chef de file de Jilijadid, membre de la coordination nationale pour les libertés et transition démocratique, revient sur les perspectives de la CLTD et l’avenir de l’opposition, ainsi que d’autres questions relatives à la scène politique nationale.


Auteur : Nadjwa Khelil


L’objectif de la CLTD consiste d’aller vers une transition démocratique. Avez-vous identifié la stratégie à mettre en place pour  y parvenir ?

 

En terme politique,  CLTD, a posé l’idée d’une phase transitoire pour passer d’une situation donnée vers une autre. Soit, d’un Etat de non droit, vers celui qui soit démocratique, de droit et des libertés. Donc cette position, est loin de prétendre à une institution de transition.

Dans cette perspective, la première étape consiste à unifier  une large opposition sur des  positions claires sur les objectifs, les règles du jeu politique et  le cadre institutionnel dans lequel doit fonctionner la classe politique.

Une fois l’opposition unifiée, on peut faire la proposition au pouvoir. Car, la coordination  souhaite une transition qui soit faite avec l’ensemble des forces et pas en contradiction. Ceci dit, d’une manière ou d’une autre, le pouvoir est interpellé.

Malheureusement, la nature du pouvoir algérien, est toujours sectaire, est persiste à détenir le pouvoir à lui seul, refusant à cet effet l’opposition, la vraie, et pas  des semblants d’opposants.

Pour arriver à lui faire admettre l’idée que l’Algérie doit enter  dans une nouvelle ère, il faut agir sur le rapport de force, qui doit venir d’abord par  l’unité de l’opposition, par des demandes  légitimes, raisonnables  formulées par toutes l’opposition et d’engager par la suite les discussions politiques avec le pouvoir.

Le jour ou ce dernier comprendra qu’il ne peut plus gérer  la société tel qu’il le fait à présent, il sera amené à discuter et à ouvrir un véritable débat pour qu’il y ait consensus.

 

 

Mais, le pouvoir a clairement dit que rien ne se fera en dehors des institutions de l’Etat, et des canaux de dialogue ont été mis en place pour s’exprimer et faire des propositions à savoir les consultations conduites par Ahmed Ouyahia. Ne craigniez  vous pas, que le mouvement de l’opposition soit interprété comme une sorte de rébellion ?

                                                                           

Personne n’ignore qu’on est face à des institutions factices. La réalité amère est  que le pays est géré selon l’humeur du président de la République, preuve en est , il s’est permis de donner des instructions à un parti politique pour exclure un militant. Ceci confirme l’inexistence des droits et que rien n’est défini par les textes.

En outre, pour ce qui est de l’opposition, son mouvement ne peut être perçu comme une rébellion, puisqu’elle ne travaille que dans un cadre purement légal. Par contre l’on remarque que c’est plutôt le pouvoir qui n’applique pas les règles qu’il a lui-même instaurées,  usant de petites ruses telles que la non-délivrance des autorisations aux partis pour tenir des rencontres. Son but, étant  d’entraver les initiatives, car convaincue que l’opposition est légitime et par la même tenter de tremper l’opinion publique.

Toujours faisant dans la dérive, la conduite du dialogue par le biais d’Ahmed Ouyahia autour  de la construction  donne également une idée arrêtée de ce qu’il veut faire. A savoir  maintenir l’homme au pouvoir. Persuadés, nous refusons de participer donc à ce jeu.

Une chose est sûre,  l’opposition, une fois  bien structuré, pèsera beaucoup plus lourdement sur la scène politique est poussera le pouvoir  améliorer le cadre institutionnel. 

 

L’opposition donne l’impression d’être coincée entre l’inefficacité de l’action isolée et l’impossibilité de l’action concertée ?

 

C’est une très belle formule, qui était avérée auparavant. Mais, je pense que depuis l’annonce collective du boycott de l’élection présidentielle, des consultations sur le texte fondamental, ajouter à cela la conférence nationale de la CLTD tenue 10 juin dernier.

Une dynamique est entrain d’être dégagée, qui démontre que  l’opposition sort de l’action solitaire et entame peu à peu la démarche concertée.

 

 

Certains partis de l’opposition adhérent à l’idée de l’ex- chef du gouvernement, M. Mouloud Hamrouche, concernant l’implication de l’armée dans le processus  démocratique, soit servir de clé de voute pour la réussite de la transition. Qu’est- ce qui motive leur adhésion à cette option ? Cherchent t-ils dans ce sens un appui de l’armée étant donné que le rapport de force n’est pas en la faveur de l’opposition ?  Ou bien cela renferme t-il d’autres  enjeux plus profonds ?

 

Par rapport à la position de la CLTD à cette question, l’armée doit avoir un rôle institutionnel bien défini. Elle ne doit pas prendre des positions politiques pour être à l’abri des changements au niveau de la scène politique.

Ce qui implique que ce corps, ne doit pas être considéré comme  détenteur du pouvoir et qu’il se livre à repartir  les taches selon son gré. Mais d’agir comme une institution inévitable dans le processus de transformation du pays en s’engageant dans de véritables efforts profonds, structurels qui vont conduire  le pays vers un État de droit.

L’idée donc, est qu’on on ne peut pas aller à des reformes structurelles profondes, et faire une transition,  en excluant l’armée ou en nous mettons contre. Car, c’est  une institution centrale dans le fonctionnement de l’Etat algérien qui  peut  aider par son attitude, son comportement à l’éclosion de cette nouvelle culture de l’Etat de doit. Le tout doit se faire à travers un consensus national.

En clair, nous ne voulons pas que l’armée s’aligne sur un parti politique quelconque. Ce  qui est  malheureusement constaté. Elle a soutenu le clan présidentiel, sachant que l’impliquer dans la politique est d’une part antidémocratique, et l’expose  d’autre part, à des conséquences graves qui risquent de nuire directement à la sécurité du pays. 

 

Par rapport aux questions internes de la CLTD. L’installation du comité de suivi et de concertation dont la décision remonte au mois de juin tarde à voir le jour. Le  retard est-dû à une divergence de vision autour de sa composition ? Si c’est le cas, ce point risque-t-il de disloquer la coordination dont les acteurs sont supposés unis, pas seulement réunis ?

 

Je rassure que la coordination se porte très bien et nous avons des perspectives devant nous.  D’ailleurs nous nous sommes réunis mercredi dernier pour discuter de certains points,  parmi lesquels la mise en place de cette entité, qui devrait intervenir  durant le mois en cours.

La  décision de la dénomination, la composition, les missions de  cette nouvelle structure relève désormais  du ressort de tous les participants et partis, au-delà de la CLTD.

Encore une fois, il n’y a aucun désaccord qui pourrait  survenir concernant cette question, tous s’effectue dans un climat d’entente et de sérénité.

 

La CLTD s’est vue refuser en juillet dernier, la délivrance par la wilaya d’Alger d’une autorisation pour l’organisation d’une rencontre  publique. A cet effet, se sentant léser, elle avait fait part de sa décision de saisir la justice ? Avait vous déposé  plainte. Sera-t-elle selon, vous recevable ?  

 

Des  le 15 septembre, nous entamerons les procédures pour déposer la plainte,  car  le refus de la wilaya était  arbitraire.

Toutefois, il est possible que la citation soit déboutée. De  toutes les façons, nous savons que  la justice n’est pas indépendante et fonctionne par des appels  téléphoniques donnés de part et d’autres. Le justiciable est habitué à ce genre de pratiques, comme c’est le cas pour le jeune de Ghardaia qui a filmé des policiers entrains de commettre des actes de vole.

Au lieu de juger les auteurs,  c’est cet innocent qui a été condamné. Il y a là un message de la part des responsables de l’Etat en direction de la société :  c’est le châtiment qui sera réservé à celui qui ose dénoncer.

Ce  n’est pas la  première fois que la justice se range du coté du coupable, puisque M.Chakib Khelil demeure libre, malgré les graves délits et malversations dont il est coupable.

 

Dans ce cas, de quels moyens dispose l’opposition pour faire valoir ses droits ?

 

C’est, notre volonté et notre détermination de dénoncer le système mafieux. Nous continuerons à combattre ces fléaux et  sensibiliser la population  pour que justice soit faite.

 

Le limogeage du membre du comité central du FLN, Abdelaziz Belkhadem, par le président de la République, se veut-il un message aux partis au  pouvoir  et notamment à l’opposition ?

 

Tous les actes du chef de l’État sont antidémocratiques et contre l’intérêt de la nation. Le dernier acte qu’il a fourni envers l’ex secrétaire général du FLN, vient en droite ligne avec son  comportement dictatorial. Cependant Belkhedem a voulu être le serviteur zélé, il mérite ce qui lui arrive.

Par contre, le message que Abdelaziz Bouteflika a fait passé involontairement, consiste qu’il y a panique à l’intérieur du pouvoir. Une situation qui, sans nul doute, va dégénérer sur une anarchie totale menant le pays vers l’impasse et un désastre inévitable.

 

L’opposition est-elle disposée à accueillir Belkhadem parmi ses rangs. Ce dernier s’est-il manifesté pour la rejoindre ?

 

Certes, qu’il peut servir l’opposition comme il a déjà servi le président de la République. Cependant, l’opposition  n’est pas un Hospice pour tous ceux rejetés par le pouvoir. Il serait mieux pour lui de régler ses comptes avec son parti.

A ma connaissance, Belkhadem n’a pris aucun contact avec l’opposition. Reste, que s’il veut la rejoindre, on ne peut pas non plus le repousser.

  

 

D’après vous, quel avenir pour l’opposition en Algérie ?

 

L’avenir  de l’opposition dépend de la volonté du pouvoir à sauver le pays  qui est en état hémorragique et risque de perdre tous ses atouts. Notre crainte, que le pouvoir en place finisse par le tuer.

 



Plus d'info

Commentaires

Laisser un commentaire

Merci Votre commentaire a été ajouté avec succés.
Commenter