Acueil Commentaire 2030, la date du non-changement


La chronique de

Kamel Daoud

2030, la date du non-changement


  Kamel Daoud     kameldaouddz@yahoo.fr

Articles précédents

- Pourquoi le Régime se souci des Images et pas de l’Image de l’Algérie dans le monde ?
- Passion Palestine, vices et vertus
- L’ANP en Lybie : les raisons du « Oui », les arguments du « non »

La fin du monde est fixée pour 2030. Sellal, connu pour ses chiffres volages, l’a affirmé face aux députés. Et après ? Rien, on continuera toujours de vendre du gaz, mais autrement puisqu’on ne pourra plus vendre des hydrocarbures comme maintenant. En gros, Sellal a expliqué qu’il n’y a pas d’indépendance possible de l’Algérie face au pétrole. On pourra chasser les colons, mais on vendra toujours du gaz. En gros, cela veut dire que le gouvernement avoue qu’il va échouer face au fossile. En gros cela veut dire qu’en 2030 on aura le même régime bâtit sur la rente et sa distribution en fonction des allégeances et des émeutes. En gros, cela veut dire qu’il n’y aura pas de transition politique puisqu’il n’y a pas de transition économique entre le pipe-line et l’économie hors hydrocarbures. Cela veut dire qu’on aura encore un Président désigné, un Etat-major militaire et d’affaires tuteurs du pays, une classe politique d’opposition faible car sans puits, un Occident qui va opter pour son gaz et pas pour notre démocratie et des partis de soutiens, produits dérivés des hydrocarbures. Encore des émeutes, des logements sociaux, des chefs de Daïra et des baguettes de pain dans les poubelles.

Et cela vous scie à la hauteur des branches qui portent vos fruits. L’aveu de Sella est l’annonce que rien ne va changer puisque le régime, par l’option du gaz Schiste, s’assure de durer ainsi, comme maintenant, à l’identique et selon les mêmes architectures. On a bien parlé d’un dernier mandat de « transition douce » et de changement contrôlé mais le chiffre 2030 en dément le principe. Le premier ministre l’a dit face aux députés : même après la fin du monde algérien, il n’y aura pas d’élections directes propres, pas de grands bouleversements, pas de renversement de cap de l’Algérie du nord vers la Corée du Sud. Economie de rente, système politique de monopole, alliances alimentaires avec l’Occident et équilibres assurés par les jerricans. Avec 98% de nos exportations, le pétrole assure 98% de monopole de décision au Pouvoir au détriment de son peuple de proximité.

En gros, cela veut dire que le changement ne viendra pas avec la fin du pétrole puisque c’est le début du gaz de schiste. Le changement n’est pas venu par l’indépendance, par 88, les années 90, ni par les armes et encore moins par le multipartisme. Il viendra quand il n’y aura plus de gaz et de puits chez nous et que l’Occident n’aura rien à acheter. En langage de mythe, les « frères », El khawa FLN, ont poussé ce peuple dans le dos, vers le fond du puits avant d’aller raconter au vieux Messali mal enterré que le loup (le baril) nous a mangé. Dans la version connu, l’enfant trahi fini par être sauvé, ira en Egypte (l’Occident) et deviendra puissant quand le pharaon (L’Occident) connaitra la sécheresse (la panne sèche, la crise). Mais dans notre cas, dans notre version, le peuple ne sera pas sauvé. Car après avoir épuisé le pétrole, on a encore creusé pour trouver du gaz. Schiste. Messali est resté aveugle et solitaire, les frères traitres s’enrichissent et rien ne changera tant que l’Occident n’est pas en crise (sécheresse chez le pharaon et rêve de vaches malades) et tant qu’on est encore tous dans le puits.

Cela on le savait depuis toujours, mais avec Sellal, on a désormais une date. La date du non-changement.

XX