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A moins de deux mois du Ramadhan

Les Algériens et le système « D »


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03 Mai 2014 | 12:24
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Après la présidentielle, les Algériens commencent à évoquer les examens de fin d’année, les grandes vacances, la Coupe du monde de football, mais aussi le mois de Ramadhan qui, cette année, est à cheval entre tous ces rendez-vous. Le mois sacré prend, petit à petit, de l’importance dans les discussions des Algériens et finira sous peu par être à la tête de leurs préoccupations. Qu’en sera-t-il cette année ? Reportage.

Les ménages algériens semblent quelque peu résignés à l’approche du mois de Ramadhan. L’habituelle chaude discussion sur la mercuriale n’est pas au rendez-vous. L’appel  au boycott des viandes lancé par la Fédération nationale des associations de défense des consommateurs n’a pas reçu l’écho souhaité au niveau de la population. L’on constate néanmoins une certaine stabilité des prix des produits agricoles de saison, avec une pomme de terre autour de 30 dinars le kilo et la tomate à moins de 40 dinars, dans tous les marchés du pays. « La bonne tenue de ces deux produits phares ont absorbé une partie de la colère des citoyens », assure un responsable du ministère du Commerce qui a requis l’anonymat. Le même responsable souligne également « l’effet de l’été » pour expliquer « la tranquillité du front social ».

 

L’Aïd El Fitr et la rentrée scolaire

 

A ce propos, notre source retient que « généralement, la saison estivale est propice à une baisse sensible des tensions. La proximité du mois de Ramadhan ne change pas grand-chose à la donne », explique notre interlocuteur qui s’appuie sur l’annonce de l’Union général des commerçants algériens (Ugca) qui s’attend à une hausse de 20% de l’inflation durant le mois sacré pour afficher un certains optimisme. « 20% est un taux très supportable pour les ménages algériens. En règle générale, les Algériens se préparent à des augmentations supérieures à 50%. Ils s’y préparent en conséquence. Aussi, le taux prévu par l’Ugca est en soi une bonne nouvelle », relève notre source qui n’omet pas de souligner que, depuis trois ans déjà, « les familles algériennes font face à une triple dépenses que sont le Ramadhan, l’Aïd El Fitr et la rentrée scolaire».

Ces propos expliquent un peu le comportement des Algériens à plus d’un mois du début du mois sacré, mais ne répondent pas à la question de savoir si les pouvoirs publics sauront faire face ou pas aux comportements spéculatifs de certains commerçants. Sur le sujet, les Algériens affichent un unanimisme qui en dit long sur le déficit de confiance entre le peuple et le ministère du Commerce.

 

Sakina et les autres

 

Ahmed, père de famille et fonctionnaire de son état, dit s’attendre « à l’absence de contrôle systématique des services de l’Etat durant le mois de Ramadhan ». Il en est à se poser la question, de savoir si «un jour l’Etat arrivera à contrôler au moins 10% du flux commercial durant ce mois». En clair, affirme Ahmed, « l’Algérien n’a d’autres choix que la fatalité pour faire face à la dépense. Tout le monde utilise le système D pour gérer son budget, d’autant que dedans, il va falloir inclure les habits de l’Aïd et la rentrée scolaire ».

Sur la question des deux nouvelles dépenses qui s’ajoutent à l’achat de nourriture, Sakina, femme au foyer, croit avoir trouvé la parade.  « J’achète les habits de l’Aïd et les fournitures scolaire pour les enfants bien avant le début du mois de Ramadhan. J’astreins le foyer à une petite gymnastique entre les mois de mai et juin. Comme ça, il ne me reste que les dépenses alimentaire durant le Ramadhan ». Cela sans oublier « le recours à la congélation d’aliments à partir du mois d’avril pour réduire au mieux les dépenses ».

 

Discours creux

 

La démarche de Sakina est aussi celle d’innombrables autres  Algériennes, ce qui pourrait expliquer la sérénité ambiante à quelques jours du mois sacré. Il n’en demeure pas moins que cette année encore, les prémices d’une mainmise des spéculateurs sur le marché sont déjà observées, notamment sur les viandes rouges et blanches, malgré toutes les mesures préconisées par les pouvoirs publics aux fins de stabiliser les prix de ces produits très consommés pendant le Ramadhan.

Tout compte fait, il est clair que d’année en année, les Algériens ont appris à ne plus faire confiances aux discours des responsables et à s’en tenir à leurs propres ficelles pour gérer leur budget et faire face aux contraintes de ce mois dans des conditions acceptables.

Mourad SID-ALI



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