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Le vide stratégique selon Philippe Baumard.


29 Mai 2014 | 13:07
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Philippe Baumard est un spécialiste reconnu de la guerre cognitive et de la guerre de l'information,Dans son dernier ouvrage, le vide stratégique, CNRS éditions, Il nous offre une argumentation brillante sur l’état actuel de la stratégie.

Après avoir rappelé les évolutions de la pensée stratégique, de Sun tzu et des strategoi athéniens à Clausewitz et Galula, l’auteur s’attache à montrer comment la disparition du stratégique au début du XXIe siècle empêche de penser le futur pour se limiter au seul contrôle du présent. Synonyme d’ignorance, de défaillance et d’absence de discernement.

La période actuelle se caractérise selon lui par un vide stratégique, résultat d’une longue et lente évolution de nos sociétés modernes, Une absence de stratégie, qui repose sur plusieurs constats : une économie engagée dans une course aux énergies fossiles, une non-anticipation des crises, la règle de la "tactique écrasante", une culture de l’immédiateté, une mondialisation de l’information en même temps qu’une mondialisation de la désinformation…

ce vide stratégique est devenu une source extraordinaire de profits pour la grande criminalité, les sociétés militaires privées, les trafiquants, les intermédiaires financiers. Ce monde qui a perdu sa capacité à définir et à expliquer l’état des choses n’a, paradoxalement, jamais créé autant de richesses. Ni autant de pauvreté...

Au commencement était la stratégie.

Le terme de stratégie fait habituellement référence aux décideurs d’Elite, aux succès glorieux, à l’histoire grandiose et à la complexité ultime de l’action intentionnelle attribuée à l’esprit humain La littérature en stratégie, tout comme l’ensemble des sciences de gestion, est débordée par un positivisme simpliste qui assume l’existence de règles générales, d’interactions répétées et d’une causalité universelle qui n’attendraient que d’être découvertes.

Contrairement à ce que prétend les théoriciens des études stratégiques, la stratégie est bien plus que l’affrontement militaire, c’est d’abord une réflexion sur la survie de l’humanité et ensuite une lecture critique sur l’acquisition de la puissance (le militaire n’étant qu’une partie plus moins ou moins significative des moyens utilisés selon les époques).

Si La stratégie en Grèce antique est dépeinte comme une fonction politique, qui inclut les concepts de pouvoir, de gouvernance, de rhétorique et d’action militaire efficace, le fondement est discuté sur les siècles qui suivent, en démontrant les oscillations et détours fascinants de sa trajectoire.

Une première étape s’achève avec l’ouvrage de von Clausewitz et son traité militaire de stratégie. La stratégie devient un exercice hanté par le besoin de victoire, de domination finale et complète sur les ennemis. A partir de là, la stratégie prend la forme d’une doctrine, qui conduit à une confrontation sans précèdent entre les nations pendant près de deux cents ans.

 

Cette étape s’achève à son tour avec l’émergence des armes nucléaires. Baumard considère que cela« anéantit vingt-six siècles de pensée stratégique », car à l’emploi de la force se substitue la menace.

Philippe Baumard ne reconnaît de valeur à une stratégie que si elle s’inscrit dans un objectif de pérennité et d’épanouissement humain, rejetant ainsi habilement tout le « paradigme Clausewitzien ». Toutes les autres sont des tactiques qui mènent les systèmes à leurs pertes.

Cependant, la logique de la destruction totale adaptée de la doctrine de von Clausewitz n’est plus acceptable. Amputée de l’idée fondatrice de confrontation directe, la stratégie se vide. Au lieu de chercher une stratégie, Baumard suggère qu’une logique inertielle émerge, focalisée sur les seuls modes opératoires.

Baumard critique sévèrement cet phase de la stratégie, ses méthodes, ses résultats douteux et ses paradigmes, pour arriver à la conclusion qu’aucune étude n’a jusqu’ici démontré de façon claire le lien entre stratégie et performance. La stratégie aurait donc disparu.

 

l’auteur introduit le concept de confrontation à la périphérie. Au XXème siècle, la stratégie développe cette idée d’une confrontation indirecte entre corps expéditionnaires, le combat à grande échelle ne constituant plus une option à l’époque nucléaire.

 

 

plongé en vide stratégique.

La notion du vide stratégique se définit par Philippe Baumard comme « un état de non devenir généralisé à l’ensemble des arrangements humains », « un affaiblissement général des définitions », « une absence de capacité de définir notre raison d’être, notre dessein ». Un tableau aride pour la Pensée stratégique mais que l'auteur assume. Philippe Baumard expose un diagnostic assez sombre des mécanismes des sociétés modernes (ce qui l’amène à avancer son concept de « vide stratégique »).

le vide stratégique est le Produit d’une lente construction qui, depuis la Guerre froide, a remplacé l’art de la stratégie par celui de la seule tactique, le vide stratégique est aujourd’hui la conséquence d’une information surabondante, d’un culte exagéré du calcul, de la dictature de l’immédiat. Il crée des situations où les modèles, comme les idéologies, se révèlent incapables d’expliquer, de comprendre et de prédire ce qui survient. Des situations où les variables échappent aux décideurs, non parce qu’elles leur sont méconnues, mais parce qu’elles sont devenues impuissantes à provoquer toute évolution salutaire…

Ce que Baumard entend par vide fait référence au gouffre grandissant entre les idées et leur réalité. Pourtant le vide ne peut exister ni dans le monde des idées, ni dans le monde réel. Son discours richissime, byzantin et érudit, esquisse le contenu de l’idée de stratégie, soulignant clairement que les nouveaux concepts ne remplacent pas les précédents, mais s’en accommodent.

ce vide stratégique est aussi présenté comme la conséquence d’une « grande absence », mais jamais comme une stratégie de masquage des intentions réelles et profondes des acteurs les plus offensifs. Et pourtant ! L’histoire du XXe met en évidence le souci des Etats conquérants à ne pas apparaître comme des Etats agresseurs.

Beaumard dresse un diagnostic sévère de ce vide stratégique mais ouvre aussi des voies conjuguant réflexion et action. Avec un mot d'ordre : faire impérativement preuve de réalisme offensif.

Parmi les raisons du phénomène, il y a ce que l'auteur appelle la "congruité auto-infligée" qui est, selon lui, le symptôme d'une société qui n'apprend plus de ses échecs. Nous répétons nos erreurs, et faisons toujours "plus de la même chose".

Quant aux opinions publiques, maintenues désormais en état de "béatitude technologique", elles participent à une "nouvelle économie hystérique", dont l'affolement et l'emballement sont les deux mamelles. "Les périodes de vide stratégique sont déplaisantes", affirme M. Baumard. Elles engendrent colère et dépit. Mais elles coïncident aussi avec des "prises de conscience décisives", écrit-il. Acceptons-en l'augure.

Dans le monde des idées, on observe une croissance des concepts, des approches, et non un assèchement. à l’inverse, l’examen des stratégies réelles donne à observer un glissement de réalisations audacieuses de grandes visions, portées par une logique de guerre, vers de simples modes opératoires. la stratégie s’amenuise et finalement perd de son attrait. Le vide nous apparait alors comme une accusation des stratèges, une désillusion des décideurs, un rejet de la réalité dépourvue de toute direction stratégique. Pendant que la stratégie se vide de son sens initial, les stratégies elles-mêmes ne disparaissent pas.

 

La mécanique du vide .

Affolement des marchés, des médias, des responsables politiques, réactions aveugles, emballements des dettes souveraines, spéculations financières, révolte des peuples et répressions : et si la succession des crises et des impasses où elles semblent nous conduire résultaient d’un vide stratégique ?

Le vide engendre une dynamique, des « vecteurs », comme les appelle Philippe Baumard. En d’autres termes, des perspectives différentes se focalisent sur deux objets distincts : la structure et l’action. Dans un contexte de vide stratégique, des recettes à succès sont recherchées ; la logique de répétition se répand alors naturellement.

La stratégie devient routine, une réaction dépourvue d’intention et de vision créatrices. Aussi, cette répétition crée une sécurité, la crédibilité se forge l’expérience et la légitimité dans la survie. La perspective de Baumard s’appuie sur un autre paradigme : la stratégie se doit d’être intentionnelle, tandis que l’attribution après coup d’intentions aux réponses émergentes ne relève que du mode opératoire. La stratégie a donc abandonné le champ, occupé par des tacticiens qui ne proposent que des modes opératoires dans des conditions et directions qui ne résultent pas de choix, mais s’imposent. La survie et l’efficacité remplacent la mise en œuvre de visions. Pourtant, le vide devient un facteur de mobilisation, incitant à prendre la place libérée par les stratèges, et désigne ainsi les tacticiens comme ceux capables de relever ce défi.

 

la mécanique du vide implique une approche positiviste. Baumard affirme que l’analyse statistique de données ne permet pas la compréhension des causalités, et n’est fondamentalement pas capable de saisir l’ambiguïté, l’asymétrie ou la multiplicité de causes. Les chercheurs répondent à ce défi par la sophistication croissante des techniques statistiques, mais ils ne touchent pas au problème de la pertinence ou de l’interprétation. Mais si le vide existe bel et bien, et si sa mécanique est celle de la réplication, de l’inertie couplée à l’absence chronique de toute créativité, alors les techniques statistiques sont plus que satisfaisantes. En effet, elles ne permettent pas la découverte d’interprétation, du contexte, et finalement de sens, mais dans le même temps ce sens n’existe simplement pas. Si la réplication en revient à appliquer des règles, alors découvrons-les Finalement, la pratique stratégique qui se réduit face à l’inflation des paradigmes de la stratégie comporte une logique linéaire sous-jacente.

Ce gouffre entre les idées et la pratique est habilement démontré au quatrième chapitre de l’ouvrage. Baumard souligne clairement que « le vide stratégique ne signifie pas la disparition des stratèges ».

 

L’idée du « vide stratégique » est développée pour confronter le lecteur à l’écart croissant entre ce que la stratégie a été des siècles durant et ce qu’elle est aujourd’hui. Une partie particulièrement intrigante du raisonnement de Baumard est la manière dont il examine les débuts politiques de la stratégie, son évolution vers une doctrine militaire pour finir en des modes opératoires intellectuellement décevants mais efficaces.

En somme, cette tentative de contrarier les tacticiens placides et leurs compagnons aveugles est habilement menée, laissant le lecteur avec des fondements solides pour questionner la stratégie et trouver des réponses meilleures que celles qu’offre actuellement la littérature de management stratégique.

La guerre devient une affaire sociale plus que militaire. De manière intéressante, la recherche du succès stratégique s’appuie sur la tactique, une adaptation très lente et une perspective de court-terme. Par conséquent, les résultats obtenus sont ambigus, peu satisfaisants et flous.

son premier mécanisme est l’aveuglement, Lorsque la stratégie est remplacée par l’idéologie, les stratèges adoptent un cadre confortable qui permet d’interpréter la réalité. Il y a cependant un prix à payer, car les idéologies conduisent à négliger les évènements qui les contrediraient. Baumard décide de secouer le lecteur : « l’aveuglement est l’acceptation collective du mensonge » affirme-t-il, Ainsi, la créativité n’est plus un attribut de la stratégie et le rôle de l’apprentissage est réduit.

 

Ce que l’on appelle aujourd’hui stratégie est en fait le résultat de la projection d’attentes, des effets de contexte historique et de l’application de modèles obsolètes.

Au lieu d’observer des changements discontinus qui caractérisaient jusque-là les stratégies, la stratégie en est donc réduite à un apprentissage tactique fait d’ajustements mineurs au sein de modes opératoires. Baumard interprète de cette manière la crise de la dette souveraine grecque et avertit du vide stratégique, économique et social qui serait récemment apparu. La répétition n’est pas un concept stratégique, mais elle fait aujourd’hui office de contenu stratégique. Dans cette évolution, les modes opératoires focalisent toute l’attention, tout en décourageant

tout type d’apprentissage stratégique.

 

L’expérience ne sert qu’à confirmer les modes opératoires en vigueur mais ne peut justifier leur changement. Paradoxalement, l’apprentissage devient un concept technologique mais l’apprentissage stratégique lui n’est plus autorisé.

Baumard critique les « théories naïves », fondées sur des explications simplifiées, des croyances populaires, et un apprentissage pragmatique. Il nous propose au contraire d’envisager la stratégie comme transcendante aux niveaux cognitif, symbolique et immatériel. La domination

stratégique peut être obtenue par une meilleure cognition et non par une confrontation physique.

la stratégie qui fut un art de la gouvernance, une fonction, une pensée, une doctrine ; devient une boite à outils, une manœuvre pour disparaitre à la faveur des idéologies, justifiant le manque de direction ou de changement.

Baumard continue dans cette tradition en proposant d’explorer l’évolution du sens de la stratégie. Sa contribution consiste à offrir une perspective de 2600 ans, bien assez pour identifier des manifestations stables, tout autant que leurs changements.

La stratégie est explorée en tant que pratique militaire, politique, sociale et économique. L’effort intellectuel consiste à identifier comment la stratégie a été conditionnée par son contexte historique, où le champ d’action libre du stratège semble se réduire. Au total, Baumard oppose à l’inflation du contenu de stratégie l’affaiblissement de sa manifestation, et nomme cet écart apparent un « vide ».

Vingt-six siècles de mise en perspective permettent une exploration dense de la stratégie. Cette contextualisation donne du sens à l’exposé de Baumard, qui décortique des douzaines d’exemples historiques, les interprète et les confronte à son idée de stratégie. Il apparait que le contexte laisse très peu de place à l’autonomie des décideurs.

il accuse les stratèges d’abandonner des visions courageuses* Le concept de stratégie a été forgé en Grèce antique pour ensuite être capturé par les militaires, et plus récemment par les managers. L’idée de stratégie circule donc dans différents champs, et le mérite de Baumard consiste à lui redonner son envergure loin de certaines études simplistes en sciences de gestion.

 

D’abord, affirme-t-il, la stratégie offre le changement, intentionnel, désirable et légitime. C’est précisément ce qu’ont inventé les Grecs en proposant la fonction politique de stratège, élu et temporaire. Progressivement, la stratégie se dépersonnalise, pour devenir une doctrine. Quoiqu’accueillante, une doctrine permet à ses croyants de déculpabiliser si les choses ne se déroulent pas comme prévu.

 

Quoiqu’intégratrice, une doctrine stratégique permet de canaliser l’action, mais ne produit pas de vision. Nous en sommes à l’extrémité de ce processus historique, où la stratégie se voit privée de vision, de responsabilité, de légitimité et même n’est-elle plus désirable. Voilà pourquoi on peut la blâmer de vide.

Mauvais temps stratégique.

Le XXIème siècle a débuté riche en promesses, puis une série de crises entremêlées a éclaté : le climat, les droits de l’homme, la crise financière, celle des dettes souveraines, les délocalisations industrielles, le chômage structurel, la faillite de champions d’affaires et bien d’autres.

 

Comment tout cela a-t-il été possible si nous comprenons et maitrisons la stratégie ? Comment peut on continuer à accepter la recherche en stratégie si elle ne conduit pas à l’amélioration des stratégies et au succès ?Le vide de Baumard fait référence au gouffre entre la plénitude des idées et la platitude des pratiques.

 

L’idée de la stratégie a été forgée par l’inflation de son sens au long des siècles, alors que sa pratique est présentée comme limitée par les contingences du progrès. Evidemment conscient de ces tensions, Baumard n’offre pas de réponses, mais établit une critique vigoureuse, pose des questions audacieuses et propose une logique d’interprétation.

 

Le vide apparent, comme le décrit Baumard, résulte d’un abandon de visions ambitieuses, de discontinuités et même d’un apprentissage en faveur de modes opératoires plus sûrs. Son ouvrage est un défi intellectuel très ambitieux de déconstruction de la pensée stratégique, nécessaire face aux défaillances spectaculaires que l’on peut attribuer à la stratégie.

 

Tandis que les travaux précédents sont majoritairement techniques dans leur critique de la stratégie, Baumard nous propose un choc paradigmatique. C’est une invitation : abandonnons le positivisme, les statistiques confortables, les modes opératoires et cherchons le sens des stratégies sociales et organisationnelles.

Il y a maintes raisons pour accepter son invitation : un discours richissime, une ligne de raisonnement solide qui nous emmène à partir d’une inflation de l’idée, en passant par un épanchement progressif de la stratégie, vers une logique de réplication.

 

Le XXI E siècle est-il en train de devenir celui d’une interminable répétition de la même crise globale ? Sommes-nous voués à rejouer la même mauvaise pièce, avec des gouvernements en flagrant délit de catalepsie ? Au sommet de leur inter connectivité, les sociétés contemporaines sont-elles réduites à constater le silence absolu de leurs terminaisons nerveuses ?

Jamais l’information, qu’elle soit politique, militaire, économique ou scientifique, n’a été aussi facile à se procurer, à partager, à analyser. Et pourtant, nous en tirons très mal parti.

Des systèmes politiques prévenus laissent éclore et se répandre crises après crises.Les crises se succèdent, s’accumulent, s’accélèrent et emportent sur leur passage les digues de complaisance, de collusion et de vanité. Une histoire de digues inlassablement répétée.

Beaumard constate que nous sommes entrés dans le siècle que le philosophe polonais Leszek Kolakowski : « l’éloge de l’inconséquence », le manque d’esprit de suite, et le manque d’esprit tout court, en sont les nouveaux dogmes experts, gouvernements et politiques répètent inlassablement les mêmes scripts : « Les événements nous dépassent et sont inéluctables ; « nous ne pouvons ni revenir en arrière, ni en changer le déroulement » ; « les voix discordantes veulent jouer la désunion ». Partout le mot d’ordre est de se cantonner au plus petit dénominateur commun : celui qui ne dérange pas, celui qui est divertissant et inconséquent, celui que l’on peut réduire à une seule micro motivation, à l’échelle simple et non répétée de l’expérimentation.

L’homme qui doute de la réalité d’une crise globale a raison. On ne peut plus qualifier de « crise » cette situation d’échec contemporain. Ce qui s’est cristallisé n’est pas une crise, mais un vide stratégique majeur : un état de non devenir généralisé à l’ensemble des arrangements humains ; une destruction aveugle du vivant ; une économie de la ressource fossile qui se dirige tout droit vers sa mort asymptotique ; un régime généralisé de la douleur somatique. On a cessé de vouloir définir le réel. On s’est décidé à le subir ou à le mater, comme on materait un mal au ventre persistant à coups d’antalgiques. À l’absence de vision, on a substitué un entêtement obsessionnel de l’efficacité des moyens ; mais la stratégie ne se résume pas à « l’organisation efficace de moyens pour atteindre un but ».

Ce vide stratégique n’est pas une fatalité. Loin d’être« quelque chose de vague ou d’inexistant », le vide est au contraire « un élément éminemment dynamique et agissant »

Le moment où un système perd le sens de sa propre finalité est aussi celui où il change de direction, le jeu et la règle du jeu. En matière stratégique, le vide est souvent synonyme de« couloir », d’opportunité de présence, de « reprise en main ».Faire cesser l’assemblage d’une pensée tactique, inventer des buts qui ne soient pas dictés par la seule écologie des ressources, constituent les deux opportunités ouvertes par ce vide stratégique.

L’auteur prend le contrepied de la pensée dominante contemporaine, puisque son hypothèse de départ est celle d'une rationalité limitée des principaux acteurs de la mondialisation, qui naviguent à vue, c’est aussi l’élites politiques qui ne sont pas équipées mentalement pour faire face à ces nouveaux enjeux. Selon baumard on raisonne en termes de comptabilité publique. On colmate les brèches plutôt que de s’interroger sur les causes réelles de notre malaise. On multiplie les gadgets et les solutions à l’emporte-pièce, sans faire l’effort d’une analyse en profondeur, objective, portant sur les racines mêmes des maux. En fait, L’Etat reste dans son fonctionnement vertical et dans une logique essentiellement administrative, Il se révèle tout à la fois très peu coordinateur et très peu stratège.

Mohamed khodja: politologue



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