Acueil Commentaire Les élections n’ont pas encore eu lieu… 50 ans de tromperie


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Abdelaziz Ghermoul

Les élections n’ont pas encore eu lieu… 50 ans de tromperie


  Abdelaziz Ghermoul    

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Par Abdelaziz Ghermoul

 

Il est tout à fait clair que l’élection présidentielle n’a pas encore eu lieu en Algérie. Pour dire vrai, elle s’est déroulée comme d’habitude dans les urnes fermées de la tradition. Comme cela se passait, il y a 15 ans : il y a 50 ans. Même méthodes, mêmes données.  Vacarme médiatique, protocoles, des lièvres crées par le système à sa portée.

Promouvoir le doute et entretenir la peur de l’inconnu, la peur du devenir, pour que les gens continuent de vivre sereinement dans le passé quelles que soient ses conséquences et son injustice…

La fête se termine avec l’annonce des résultats. Le nouveau-ancien président félicite le peuple absent, pour sa large participation et sa pleine confiance dans le programme de son Excellence. Les cérémonies de consécration se terminent par le statut quo.  Scénario médiocre mais qui a montré son utilité pour, au moins, ses initiateurs. La preuve, ils n’ont jamais été forcés de le modifier ni même de lui porter des correctifs substantiels pendant 50 ans.

Ses apôtres et ses héros sont décédés depuis. Les citoyens sont usés mais le même contenu perdure sur  les tablettes du pouvoir. En vérité, c’est le meilleur texte à préserver. Le cadre global est le même et les conditions du moment imposent des modifications du décor pour faire croire  aux autres qu’il y a des changements. Comme s’inventer des lièvres pour concurrencer le président ou bien mobiliser les médias pour créer des réalisations factices. Ils peuvent aller jusqu’à faire croire que le candidat du pouvoir est le père exemplaire de la nation ; il est le garant de sa stabilité.

Le changement du décor signifie en fait que le scénario reste inchangé et le peuple doit faire preuve de retenue en ayant peur de toutes velléités de changement ! Ce scénario n’est pas de conception algérienne mais une copie tronquée des scénarios de pouvoirs militaires dans le monde. Il n’y a pas de grandes différences entre les scénarios de Pinochet, de Franco, de Hosni Moubarak et des généraux turques bottés par le peuple à l’intérieur des casernes.

Ce même procédé médiocre mais « utile » en même temps se répète à quelques différences près. Il est écrit par ceux qui en bénéficient directement ; l’armée le garde, le renseignement et les médias en assurent la promotion. La chance du scénariste, c’est que le héros de la trame est inconscient, il n’est ni présent, ni actif et ne se sent pas concerné par les résultats, dont certains pensent acquis (certains doutes sont un pêché).

Ce héros est le peuple, la majorité du peuple. Les chargés de l’exécution de ce scénario ont ainsi toute la latitude pour poursuivre leurs œuvres en toute quiétude et sans cas de conscience. Le peuple héros est un grand mensonge dans toutes ses dimensions parce qu’il n’est considéré ni par le réalisateur ni par les tenants du pouvoir.

Il est comme Djeha dans la mémoire collective. Tout le monde sait qu’il n’existe pas, mais c’est à travers lui que se créent leurs contes et leurs joies. Tout est décidé au nom du peuple, les réalisations virtuelles aussi sont en son nom. En son nom sont ouverts les travaux de la justice.

Ce peuple est absent. En vérité, on l’a forcé à s’absenter par omission. Certains vont se poser la question pour savoir qui en porte la responsabilité. La réponse est simple. C’est le peuple qui ne veille pas sur les voix qu’il exprime, sur ses droits et ses devoirs.

                                                                                                                      Traduction AHB