Acueil Commentaire Le foot, c’est vraiment autre chose


Court –circuit

Slimane Laouari

Le foot, c’est vraiment autre chose


  Slimane Laouari     laouarisliman@gmail.com

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Pour le spectacle, l’émotion, la communion et tout ce qui fait la magie du foot, ça trop longtemps qu’on ne se fait plus d’illusion. Pour le reste, la finale de la coupe d’Algérie disputée jeudi  a été fidèle à la -nouvelle- tradition. Des gradins grâce aux artifices de la gratuité, des invitations à ne plus pouvoir en tirer et une tribune entière occupée par des agents de la protection civile en service commandé de « spectacle ». Un engouement factice plus proche de la bonne affaire que de la passion où, paradoxalement les plus exubérants sont trop polis et trop clean pour incarner les élans populaires spontanés et généreux, comme seul le football sait en charrier. Un stade minuscule élevé au rang de temple des miracles par un jeu de passe-passe  à chaque « grand événement » renouvelé, avec une pelouse dopée dans les laboratoires de la petite ambition. Un arbitre que tout le monde connait pour son indigence professionnelle et qui n’a que son métier de médecin dans le « civil »  à faire valoir sur… un terrain de foot. Et pour boucler la boucle un grenouillage politique grotesque dont on se demande s’il n’est pas une balle dans le pied de ceux qui comptent en tirer quelque dividende. Voilà les ingrédients réunis pour ce qu’on continue d’appeler  contre vents et marrées, la « fête du football ». Pour faire le spectacle, le cinéma plus exactement, deux clubs, qui auraient pu être grands par leur ancrage populaire et leurs palmarès sportif, la JS Kabylie et le Mouloudia d’Alger, en l’occurrence. Deux clubs malheureusement installées depuis longtemps dans une ambition au rabais, faute de projet et faute d’autonomie. La JSK est l’otage d’un président « maintenu » à son poste depuis plus de 20 ans. Parce qu’on a toujours cherché à trouver meilleur client politique pour le remplacer au lieu de chercher un meilleur gestionnaire pour lui succéder, il est encore là, à assurer un service minimum fait de bric et de broc. Le Mouloudia, lui est l’otage d’une réelle ou supposée capacité de nuisance de son « peuple ». Premier club d’une capitale dont on veut faire un « microclimat » politique, il est un enjeu permanent faute d’être une entreprise sportive. Dans cette finale, la JSK a perdu parce que son président n’a pas donné tout ce qui était attendu de lui dans une élection présidentielle où la flagrance de la mise en scène et la pression immédiate lui ont fait marquer le pas. Le Mouloudia a gagné parce qu’il a perdu l’année passée où un grain de sable dans le dispositif a obstrué en dernière instance la victoire promise. Cette année, et ça tombe plutôt bien, on a réparé et la promesse non tenue et l’affront fait à un premier ministre dont a entre temps puni de formidables boucs émissaires. Si avec tout ça, on n’a pas eu de fête, c’est que le football, c’est vraiment autre chose.

laouarisliman@gmail.