Acueil Commentaire Ils ne font pas carême, la honte !


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Said Boucetta

Ils ne font pas carême, la honte !


  Said Boucetta     said65dz@gmail.com

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L’Algérie est un grand pays peuplé principalement et exclusivement de musulmans. Le fait est très visible durant le mois sacré. On ne se pose pas trop de questions. Enfin, les Algériens normaux ont ce comportement tout à fait anodin de jeûner pendant le Ramadhan. Il leur arrive de croiser un collègue, un copain, des fois même un cousin qui leur avoue ne pas respecter ce pilier de l’islam. Comment réagissent-ils ? Dans plus de quatre vingt dix huit pour cent des cas, ils tolèrent pour la simple raison qu’ils connaissent le contrevenant et savent que le geste n’est pas dirigé contre eux, mais relève d’une conviction personnelle.

D’ailleurs le cousin, copain et collègue avouent mais ne tentent pas leurs interlocuteurs. Ils éprouvent juste le besoin de le dire, histoire de voir dans le regard de l’Algérien moyen de la compréhension. Dans neuf cas sur dix, ils trouvent cette compréhension, à une seule petite condition. « Que mes yeux ne voient le pêché que vous commettez », rétorque le musulman algérien. Cela dit, juste après le petit casse-croûte, le copain ne change pas de statut. Il garde l’estime de l’Algérien moyen qui passe à autre chose. C’est dire que dans notre pays on n’impose pas sa vision de la religion.

Mais il reste les deux pour cent. Les coincés quoi ! Ceux qui vous transpercent du regard, qui vous jettent en enfer sans avoir l’accord de qui que ce soit, qui se croient détenteur de la morale publique, qui vous promettent un châtiment pas possible. En général, ceux qui n’observent pas le Ramadhan évitent ce genre d’individus comme la peste. On les comprendrait aisément.

C’est cela l’Algérie, c’est un mélange de tolérance et un tout petit peu d’intolérance, mais grosso modo, presque tout le monde s’astreint à l’obligation de jeûner pendant le Ramadhan. Il arrive même que des étrangers qui n’ont rien de musulmans évitent de manger et boire, juste pour faire comme nous autres. Ça nous fait plaisir bien sûr et sommes généralement très touchés par ce geste que les étrangers assimilent à de la solidarité.

Et puis, il y a l’histoire de Djamila, Athmane ou encore Redha,  que certains titres de presse qu’on ne citera pas pour ne pas leur faire de la pub, nous sortent chaque année.  Ex-émigrés, travailleurs dans le bâtiment ou militant politique, vivent annuellement leurs petites mésaventures. Les pauvres   tombent sur les deux pour cent de la population. Et chaque année, ces  histoire font le tour du Web et des journaux.

Les deux pour cent prennent de l’importance et son présenté par une certaine presse la grande majorité des Algériens. Comme quoi, nous autres Algériens sommes de sombres intolérants.

Pour cette année, gageons qu’on nous sortira d’autres histoires  en tous points identiques à celles qu’on nous sert chaque ramadhan.

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