Acueil Commentaire Le bonheur, le foot et le pétrole


Conjoncture

Said Boucetta

Le bonheur, le foot et le pétrole


  Said Boucetta     said65dz@gmail.com

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Les victoires sont une dynamique et les défaites provoque l’inertie. Qui n’avance pas recule. La vie des sociétés est réglée sur ces trois principes. On gagne, on est heureux, on bosse mieux, on apprécie la vie, son pays, ses dirigeants, ses avocats et même son voisin grincheux. Le succès est donc vital pour l’individu et pour toute la société. La meilleure des réussites est celle qui concerne tout le monde, celle qui se fait facilement partager, celle qui vient à vous sans que vous n’ayez fait aucun effort.

Ce n’est pas vrai en réalité. Ce genre de victoires est toujours bon à prendre, mais ce n’est pas le top. En Algérie comme dans beaucoup de pays en voie de développement, c’est ce qui marche le mieux. C’est la dynamique des fainéants, disent certaines mauvaises langues.

Et comment qu’ils ont raison, les mauvaises langues ! Vous êtes là. Vous ne faites pas grand. Votre gouvernement aussi. Il met un paquet de fric sur un groupe de jeunes qui ne sont même pas nés chez-vous et hop ! Ils vous ramènent le bonheur jusqu’à devant chez-vous. Et vous êtes heureux. Vous vous mettez à apprécier tout le monde, du Président au voisin grincheux, en passant par le plombier incompétent.

La dynamique dans cette histoire tient au fait que ce bonheur est transmissible, il est contagieux. Tous vos compatriotes font comme vous. Mais le problème dans cette manière de provoquer le bonheur, c’est que vous ne le contrôlez pas. Ni vous ni personne, même pas le groupe de jeunes nés ailleurs et qui a fait l’objet d’un gros investissement public. Ils échouent et tout tombe à l’eau. Voilà c’est pour cela que ce genre de succès créé une dynamique factice.

C’est exactement comme la manne pétrolière, lorsque ça coule et que les prix sont satisfaisants, ça créé une dynamique de croissance et tout le monde bouge. Notez bien au passage que l’or noir ne fait pas le bonheur, il y contribue seulement. Mais dès que les robinets se mettent à siffler ou que les prix dégringolent, c’est le cauchemar économique. En Algérie, nous connaissons bien cette situation, comme celle d’ailleurs des victoires fabriqués. Celles qui ne durent qu’un temps et nous replongent dans notre quotidien un peu vide où chacun d’entre nous a cette impression bizarre que quelque chose lui manque.

Mais, vous pouvez le crier autours de vous, nous avons aussi connu le succès, le vraie, celui qui amorce une dynamique qui dure dans le temps. A sa naissance même, la République algérienne a été notre plus belle victoire. Elle nous a mis dans une dynamique de progrès, nous avons été authentiquement heureux et personne n’a pu nous empêcher de savourer notre succès. Pourquoi ? Et bien, parce que l’indépendance est un fait de l’histoire.

Voilà nous connaissons les deux faces du succès. Les deux sont nécessaires pour le bonheur des petites gens. Mais présentement, nous n’avons qu’un seul motif pour être heureux : le succès éphémère. La raison tient du fait que nous avançons péniblement. Nous n’allons pas tarder à reculer. Et puis, remarquez, même le recul nous savons ce que c’est. A méditer.