الرئيسية التعليق Pourquoi le Régime se souci des Images et pas de l’Image de l’Algérie dans le monde ?


La chronique de

  Kamel Daoud

Pourquoi le Régime se souci des Images et pas de l’Image de l’Algérie dans le monde ?


  Kamel Daoud     kameldaouddz@yahoo.fr

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Quelle est l’image de l’Algériens sur l’Algérien ? C’est l’image du colon. Le colon est parti mais il a laissé, dans une sorte d’énigmatique persistance rétinienne, sa vision : les Algériens se regardent en se tournant autour : chacun est le colon qui regarde l’autre qui est « l’Arabe ». A tour de rôle. Cette Image première est là. Ravivée par la colère ou le choc. Dès l’aéroport. Et jusqu’au lit, avant de dormir. Chacun se voit par les yeux du Colon.

 L’image de l’Algérien sur soi et les siens est un Seflie méprisant qui les montre tous, sauf lui. Règle de base.

 La suite ? L’image dans le monde. Quelle est l’image de l’Algérie dans le monde ? Les voyageurs de ce pays le savent. Au mieux, on est un pays invisible. Au pire, un Pakistan au Maghreb. La collection d’images de l’Algérie dans la mémoire du monde est liée à la guerre de libération, la guerre de régression (années 90), les images de Bouteflika malade mais Président à vie. Il y aussi la collection d’image des têtes coupées, des bombes, des faux barrages, des attentats. On a l’image des aéroports sales, bousculades, heurts et retards et incivismes. L’image de chômeurs du sud en sueurs, hagards, encerclés et encerclant. On a l’image du sachet bleu, de la saleté, immense et terrible, plus grande que la mer qui nous stoppe. D’autres images ? Routes mauvaises, consulats-abattoirs, arbitraires. Tiguentourine. Le Borgne aussi et son visage en semelle. La prestation de serment de Bouteflika, ses audiences en images mal montées aussi.

 Une ville est d’abord une matrice d’images. C’est son capital d’attractivité économique, a expliqué au chroniqueur un ami hier. Les images de l’Algérie sont laides. Elles nous tuent, nous isolent, nous insultent et nous exhibent au reste du monde comme des malformations. Elles détruisent l’économie du pays.

 Dans le monde nous avons les images de tueurs, de gens violents, d’assassins de joueurs noirs, d’envahisseurs de stades, d’intolérants religieux, de massacreurs des écologies, d’incivismes…etc. Etrange loi de réaction : plus le régime veut contrôler l’image internationale de l’Algérie en filtrant médias étrangers, en surveillant les Tv et les caméras, plus notre image devient barbare, choquante, sinistre et méchante.

 Et la dernière photographie de groupe que nous avons prise est la plus terrible avec le meurtre d’Ebossé : vue de loin, nous sommes des gens qui tuons des joueurs de foot simplement à cause d’un score et avec une pierre.

 Question alors : pourquoi le pouvoir se souci si strictement des Images sans se soucier de l’image de l’Algérie dans le monde ? Parce que lui, son soucie est son image, pas la notre. Il soigne les apparitions de Bouteflika, pas nos apparitions. Il est narcissique, pas réalisateur de films. Il vend son portrait, pas le notre. Il contrôle comment on nous filme quand cela concerne comment il est vu. Il ne défend pas l’Algérie comme destination du tourisme, mais seulement El Mouradia comme destination diplomatique. 

 

Enfin. Ghardaïa. Là, c'est aussi de l'image : Ould Dada est en prison parce qu’il a pris des images de policiers présumés voleurs. L’Image du régime, quand elle est prise dans son dos est « une atteinte à la sureté de l’Etat ». Voyez l’enjeu. Et l’image internationale de l’Algérie comme atteinte à l’économie de l’Algérie ? le Régime s’en F…. Le pétrole est noir. Il n’a pas besoin d’images.